Rémi Salomon n’a rien d’un héros balzacien. À rebours d’un Rastignac de service, il est parti à la conquête de la province. Ses pairs l’ont porté en début d’année à la tête de la Conférence de la présidence des CME. C’est une première. Jamais un Parisien n’avait été élu à la tête de l’institution. La belle affaire ! Est-ce vraiment un évènement ? C’est au moins un changement de génération. À 58 ans, Rémi Salomon, père de trois enfants qui n’ont pas choisi la médecine refuse l’assignation à résidence. Chef de service dans un hôpital réputé pour incarner l’élitisme parisien (hôpital Necker), il s’insurge d’une organisation ne répondant pas aux besoins des populations en périphérie de la capitale pour le seul profit des Parisiens. Pire, il n’a pas encore réussi à devenir un mandarin arrogant (pléonasme !) ignorant le doute et oublieux de ses échecs. Aurait-il par ailleurs trahi certains de ses maîtres ? Alors que son parcours académique d’excellence l’a hissé à la coordination du centre de référence des maladies rénales héréditaires de l’enfant et de l’adulte, soit le modèle d’une médecine scientifique de haut vol, son discours appelle au déploiement de la santé publique, invoquée si souvent mais peu mise en œuvre. Pour expliquer cette fusion apparente des contraires, Rémi Salomon invoque le souvenir de Robert Debré et son appel en 1973, il y a près de cinquante ans, un siècle ? à faire une révolution complète : « Désormais la médecine comporte trois parties : clinique, biologie et santé publique ». Mais le patron des médecins de CHU est aussi l’héritier de son père, oncologue, chercheur à l’Inserm et conseiller de Jack Ralite, le ministre communiste de la santé en 1981, médecin impliqué dans la vie de la cité. Cette filiation de gauche si elle n’est jamais brandie, se reconnaît dans les lectures : « Je viens d’acheter le dernier livre coordonné par Didier Fassin, la Société qui vient, un médecin-auteur pour lequel j’ai une vive admiration. » Bref, la politique demeure un combat. Et ici ne se réduit pas à la recherche d’un consensus introuvable. Illustration, le représentant des médecins du plus grand hôpital d’Europe ne digère pas le fait d’être exclu de la réflexion stratégique menée par l’ARS Île-de-France et l’AP-HP. En revanche, les conflits ne sont pas exposés en place publique. Lorsqu’on l’interroge par exemple sur ses liens avec Martin Hirsch, le président de la CME de l’AP-HP sort un joker. Bref, on est loin de la comédie (in)humaine et de son cynisme. S’il a abandonné quelques illusions, elles ne sont pas toutes perdues. La mission est là, défendre « l’hôpital qui ne va pas bien ». Nul en France ne l’ignore. Le temps est donc à l’action. Reste à écrire les prochaines conquêtes avant le temps de la littérature de témoignage.
Portrait AP-HP
Rémi Salomon, le mandarin aux mains libres
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Publié le 18/08/2022
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Crédit photo : AFP
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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