Le 7 avril, vous coanimez deux tables rondes ayant pour thèmes Les innovations technologiques face aux enjeux de santé du XXIe siècle et Quelles sont les solutions apportées par le numérique dans le parcours de soin et les déserts médicaux ? Pourquoi vous impliquez-vous dans de tels sujets ?
En matière de santé numérique, je considère que la France devrait aller plus loin. Notre pays se trouve en avance dans de nombreux domaines de la santé : une recherche de pointe, des innovations, des supports technologiques (réseaux, systèmes informatiques, logiciels, application e-santé…). En parallèle de ces techniques que nous maîtrisons, notre corps médical est parfaitement formé. Je plaide donc pour que les soins et les techniques de santé soient davantage reliés, ce qui permettrait de résoudre les difficultés rencontrées dans les zones sous-médicalisées. Les technologies de la communication, comme l’imagerie médicale avancée, les outils de diagnostic médical peuvent apporter une réponse dans certains territoires français. Par ailleurs, la France qui perd des marchés à l’exportation dans certaines activités devrait mettre toutes les chances de son côté pour devenir le champion du monde, en matière de nouvelles technologies liées à la santé, notamment dans certains pays émergents d’Asie comme en Chine et en Inde, en Amérique du Sud et en Afrique. La France reste encore en retard sur ces sujets-là car il subsiste des blocages administratifs. Je me bats depuis des années pour les lever.
Pourquoi avoir choisi avril 2015 pour insister sur le rôle de la technologie numérique dans l’amélioration du système de santé ?
Nous nous trouvons à l’aube d’une période qui conditionnera notre manière de travailler dans les cinquante prochaines années. Nous ne devons pas rater ce train de la santé numérique et plutôt suivre l’exemple des grands constructeurs automobiles français qui ont saisi le potentiel du moteur explosif, dès ses tout débuts. Bien des incertitudes subsistent, mais il apparaît d’ores et déjà que la e-santé représentera un moteur majeur de la croissance économique, en répondant à ces besoins considérables. Soit la France prend ce tournant dès aujourd’hui, en se donnant les moyens d’investir dans ces technologies d’information, de la e-santé, soit elle risque d’être rattrapée demain et de se retrouver à la traîne. Certains industriels, que je rencontre, souhaiteraient multiplier les initiatives, pour améliorer la prise en charge des personnes âgées notamment. Mais, ils me font part des résistances administratives auxquelles ils doivent faire face. Pour ma part, je considère que la santé numérique est vraiment une affaire d’État.
Comment pouvez-vous contribuer à modifier cette situation ? En déposant une proposition de loi ?
L’actuel projet de loi de santé comporte déjà toute une série d’articles visant à sécuriser les données de santé et à faciliter l’accès à la santé par l’imagerie médicale. Les entreprises devraient toutefois être mieux accompagnées dans leur recherche, dans leur innovation, puis pour leur permettre de commercialiser leurs produits sur les marchés internationaux. La France devrait être considérée comme un phare en matière d’outillage d’informatique de santé et devenir le leader mondial en logiciels de santé. Certaines entreprises sont prêtes à s’y lancer, mais redoutent que l’administration bloque leurs logiciels sur le territoire français. Elles auraient alors beaucoup de mal à les exporter à l’étranger et à démontrer leur efficacité.
J’ai toujours pensé que la santé n’était pas un coût, mais d’abord un moyen de développer notre économie à l’international, une capacité à exporter notre savoir-faire.
L’enjeu est majeur pour la France. Les compétences existent, mais encore faut-il les mettre en mouvement, en se donnant un horizon à dix-quinze ans pour s’y impliquer pleinement. Avec le député de la Marne, coprésident du Groupe d’études médicaments et produits de santé, Arnaud Robinet, notre but consiste donc à faire avancer la réflexion dans ce domaine, pour imaginer et dessiner les contours de l’accès à la santé à l’horizon d’une décennie.
Interview réalisée par Christine Colmont
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