« Vendredis de la colère », le mouvement de grogne qui unit médecins libéraux, internes et carabins

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Publié le 03/11/2022

Crédit photo : MG France (Twitter)

Une exaspération protéiforme monte chez les médecins libéraux et les étudiants.

Après avoir annoncé la semaine dernière la constitution d'un front commun, avec un premier « vendredi de la colère », les syndicats de médecins libéraux (SML, FMF, MG France, CSMF) et de jeunes (Anemf, Isnar-IMG, Reagjir, Isni) poursuivent leur mobilisation ce vendredi pour une seconde journée de mobilisation. Si le mouvement est parti de l'ajout d'une 4e année au DES de médecine générale pour les jeunes, il embrasse désormais les revendications de leurs aînés, qui se cristallisent sur l'accès direct et la remise en question du rôle du médecin traitant.

Déjà mobilisés dans la rue et les services depuis près d’un mois, les carabins sont pleinement partie prenante de ces « vendredis de la colère », aux côtés des séniors. « C'est une convergence des luttes », se félicite déjà Yaël Thomas, président de Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Furieux contre l’allongement de l’internat de médecine générale, à exercer « en priorité » dans les déserts médicaux, prévu dans le PLFSS, les jeunes entendent maintenir la pression. « Vendredi dernier nous étions en grève, ce vendredi nous nous habillerons tous en noir pour accueillir la ministre Agnès Firmin Le Bodo à notre congrès », détaille Yaël Thomas.

Mauvais signes

De leur côté, les syndicats de praticiens libéraux installés appellent leurs troupes à faire part ce vendredi de leur mécontentement dans leurs cabinets. « Rejoignez ce mouvement et faites-le grossir dans vos territoires afin de faire comprendre au gouvernement que nous ne reformerons pas notre système de santé sans moyens », a exhorté la CSMF à ses adhérents. 

Les « seniors » – s'ils soutiennent les revendications des jeunes sur la 4e année – ont surtout dans leur collimateur « le manque de moyens mis dans la négociation conventionnelle avec un Ondam pour la ville à 2,9 % » et « les attaques récentes sur le médecin traitant », confie le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Il s'agit en clair du rapport inter-Ordres (Clio) sur l'accès direct à certaines professions de santé (paramédicaux, pharmaciens…) mais aussi des amendements parlementaires en ce sens et de la future proposition de loi de la majorité. Ce jeudi encore, la quasi-totalité des syndicats de libéraux ont rappelé dans un communiqué le rôle « incontournable » du médecin traitant dans le parcours de soins. 

Ces mesures égrénées au fil de l'examen du budget de la Sécu sont un « festival » de « mauvais signes », abonde le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France, pour qui l'idée est d'avoir « un mouvement progressif », avec des « petites piques ». La semaine dernière, plusieurs cadres de MG France se sont filmés en train de masquer leur plaque avec du scotch noir en guise de contestation. 

Ce vendredi, « des réunions vont aussi s'organiser au niveau départemental et régional pour décider des formes que pourra prendre le mouvement dans les semaines à venir », précise-t-il. Parmi les actions envisagées pour la suite, les représentants des libéraux n'excluent pas une grève de la permanence des soins ambulatoire (PDS-A) le vendredi 11 novembre, quitte à « médiatiser » les réquisitions.

Manif le 17 novembre

Et le 17 novembre (un jeudi cette fois !), ils pourraient aussi se joindre à l'appel à manifester à Paris des juniors. Ces derniers, à l’initiative de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et de l’Anemf, espèrent réunir dans la rue des milliers de carabins – comme le 14 octobre – pour dire « stop au mépris » de l’exécutif. Puis le 18 novembre, les jeunes appelleront de nouveau à la grève, toujours dans le cadre des « vendredis de la colère ».

Signe que la mobilisation du secteur est diverse mais réelle, un appel à la grève a par ailleurs été lancé le 1er décembre par des coordinations locales de libéraux. Ce mouvement des « Médecins pour demain » est soutenu par la FMF – très remontée contre la lettre de cadrage de la négociation conventionnelle envoyée par le ministère à la Cnam – et par l'UFML-Syndicat, qui a déjà prévu d'organiser des Assises du déconventionnement début mars 2023.


Source : lequotidiendumedecin.fr