Recrudescence épidémique : des autorités nationales à l'OCDE, les appels à la vaccination grippe et Covid se multiplient

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Publié le 06/12/2022

Crédit photo : S.Toubon

Alors que l’Europe est confrontée à une triple épidémie, les appels se multiplient en faveur de la vaccination des plus fragiles contre la grippe et le Covid. Le dernier en date émane de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En marge de son « panorama » annuel des systèmes de santé européens, publié le 5 décembre, l’Organisation a estimé que la France devrait « redoubler d’efforts » pour la vaccination contre la grippe.

La campagne vaccinale, lancée le 18 décembre, a connu un « démarrage bien plus lent qu'au cours des deux dernières années, laissant craindre un retour à un niveau de couverture d'avant la pandémie », soit « autour de 50 % seulement » chez les 65 ans et plus, indique l'institution. La vaccination des seniors européens avait été boostée par le Covid, passant de 37 % en 2019 à 44 % en 2020, la France atteignant cette année-là le seuil des 60 %.

En France, un recul de 13 % par rapport à l'an dernier

Ces niveaux s’étaient maintenus en 2021, mais restaient éloignés des 75 % recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour l’heure, l’année 2022 est marquée par une baisse des injections, en recul de 13 % par rapport à l’an dernier, malgré les 5 millions de vaccins remboursés par l’Assurance-maladie au 20 novembre.

Cette alerte de l’OCDE est intervenue après une série d’interpellations au niveau national et européen. Le 4 décembre sur BFMTV, le ministre de la Santé, le Pr François Braun, a lancé un « appel solennel » à la vaccination des plus fragiles et au port du masque pour faire face à la neuvième vague de Covid, couplée à des épidémies de bronchiolite et de grippe précoce. « C'est quand même totalement absurde, on a les moyens de se protéger et les Français ne se vaccinent pas », a-t-il déploré.

Plus tôt dans la semaine, ses services s’inquiétaient lors d’un point presse des taux « insuffisants » de couverture vaccinale contre la grippe et le Covid, alors que les fêtes de fin d’année et leur lot de rassemblements intergénérationnels approchent. « Il reste trois semaines effectives avant Noël, c’est maintenant que ça se joue » pour « passer de bonnes fêtes » et « éviter la saturation des hôpitaux », insistait alors le ministère.

Le 4 décembre, la présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), la Pr Brigitte Autran, s’est également émue du niveau « désolant » de la vaccination contre le Covid-19. « On a le même problème avec la grippe : il y a un niveau moindre de vaccination cette année, par rapport aux années précédentes. Il faut vraiment que les Français se protègent », insiste-t-elle dans une interview au Journal du dimanche (JDD).

Même son de cloche quelques jours plus tôt au niveau européen. Dans une déclaration commune le 1er décembre, la commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, le directeur régional de l'OMS pour l'Europe, le Dr Hans Henri P. Kluge, et la directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), la Dr Andrea Ammon, alertent sur un potentiel « impact important sur nos services de santé et nos populations » de la circulation conjointe des trois virus, que sont le VRS, la grippe et le Covid.

Vers un retour du port obligatoire du masque ?

Là encore, le message porte sur la vaccination des plus vulnérables. « On ne le dira jamais assez : la vaccination sauve des vies », écrivent les trois responsables européens, rappelant également la nécessité de maintenir les mesures de protection individuelle. En France, la question d’un retour de l’obligation du port du masque dans certains lieux comme les transports se pose à nouveau.

« Le retour du masque obligatoire est une décision politique et ce n’est pas à nous de le décider, a souligné la Pr Autran. Mais il faut aller vers un port du masque le plus possible dans les lieux clos, là où il y a une promiscuité importante ». Sur le plateau de BFMTV, le ministre a dit suivre « la situation au jour le jour et les décisions suivront son évolution ». Un avis du Covars sur le sujet est attendu dans les prochains jours. Si la décision d'une obligation devait être prise, « mon bras ne tremblera pas », a assuré le Pr Braun.

E.B. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr