Vaccin, tests : comment la France et l'Europe renforcent la lutte contre la variole du singe, classée urgence de santé publique internationale par l'OMS

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Publié le 25/07/2022

Crédit photo : AFP

Alors que l'Organisation mondiale de la santé vient de classer la variole du singe comme une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), soit le plus haut degré d'alerte, l'Europe et la France renforcent leur réponse sanitaire. 

La Commission européenne approuve, ce 25 juillet, l'extension de l'autorisation de mise sur le marché du vaccin Imvanex, du Danois Bavarian Nordic, à la prévention de l'infection par le virus de la variole du singe. Imvanex est déjà approuvé par l'UE depuis 2013 pour la prévention de la variole, et par les États-Unis depuis 2019 contre la variole du singe, sous le nom de Jynneos. La Commission européenne suit ainsi l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui a donné son feu vert à l'extension de l'indication d'Imvanex, ce 23 juillet. La décision vaut pour tous les pays membres de l'Union européenne ainsi qu'en Islande, Liechtenstein et Norvège, précise le groupe, saluant « une bonne coopération entre Bavarian Nordic et les régulateurs européens, une extension d'emploi prenant normalement entre six à neuf mois »

Pour rappel, Imvanex est déjà utilisé en France, où il est recommandé chez les personnes ayant été en contact avec une personne infectée par le virus de la variole du singe, mais aussi en prophylaxie pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les hommes trans multipartenaires, les personnes en situation de prostitution et les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.

La HAS favorable au remboursement des tests

Par ailleurs, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de se prononcer en faveur du remboursement par l'Assurance-maladie des tests d’amplification des acides nucléiques (TAAN, technique qui inclut les tests PCR) pour détecter l’infection par le virus, en cas de doute persistant après examen clinique.  

« Le diagnostic d’infection par le virus Monkeypox repose en première intention sur l’examen clinique et l’interrogatoire du patient. La détection par TAAN n’intervient que pour confirmer ou non l’infection par le virus, lorsque le tableau clinique n’est pas suffisamment explicite. Le recours à ce type de test se limite ainsi aux « cas suspects » et « cas possibles », et n’est pas nécessaire en l’absence de symptômes », précise la HAS. Est cas suspect une personne présentant une éruption cutanée ou muqueuse génitale, anale ou buccale, évocatrice de monkeypox, précédée ou accompagnée d’une fièvre ressentie ou mesurée, d’adénopathies ou d’une odynophagie ; elle devient cas probable lorsqu'il y a eu dans les trois semaines précédentes, un voyage dans un pays d’Afrique où le virus circule habituellement, ou des relations sexuelles multiples (quelle que soit l’orientation sexuelle) ou avec un homme ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).

Les tests doivent être spécifiquement adaptés au virus Monkeypox (et non génériques pour les orthopoxvirus) et validés par le Centre national de référence des orthopoxvirus. Ils doivent s'appliquer en priorité (et selon le contexte clinique) sur prélèvements muqueux, puis au niveau cutané, et enfin, oropharyngé. La HAS souligne la nécessité de rendre les résultats le plus rapidement possible, puisqu’ils impactent notamment le maintien ou la levée de l’isolement. 

Alerter sans stigmatiser 

Ces annonces interviennent après que le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclenché le plus haut niveau d'alerte - ceci alors que le comité d'experts était divisé, 9 voix s'étant élevées contre une USPPI face à 6 voix pour. C'est la 7e fois que l'OMS recourt à ce niveau d'alerte, qui s'applique à des situations « graves, soudaines, inhabituelles ou inattendues ». Depuis début mai, quand elle a été détectée en dehors des pays africains où elle est endémique, la maladie a frappé plus de 16 836 personnes (en majorité, des HSH) dans 74 pays, selon le tableau de bord du Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) à la date du 22 juillet.  

« La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n'importe quel virus », a mis en garde Tedros, appelant les pays à travailler « étroitement avec les communautés d'hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes » pour leur fournir assistance et informations, a insisté le patron de l'OMS.

Une campagne de vaccination critiquée en France 

Malgré ces annonces, la réponse officielle ne convainc pas les associations en France, où 1 567 cas ont été confirmés, le 22 juillet. L'Inter-LGBT (qui fédère une soixantaine d'associations) « s'insurge face à l’inaction, le manque de préparation et de transparence du gouvernement », pointant des difficultés à prendre rendez-vous pour se faire vacciner, des livraisons de doses insuffisantes, des lieux de vaccination et des créneaux trop peu nombreux. 

L'association Aides, qui estime que 100 000 à 300 000 personnes devraient être immunisées, a réclamé « une campagne de vaccination coup de poing ». « Elle poursuit sa montée en puissance » a réagi le 22 juillet le cabinet du ministre de la Santé, évoquant 30 000 doses de vaccin déstockées dont 20 000 disponibles sur le terrain et d'autres à venir.


Source : lequotidiendumedecin.fr