En 2021, 67 % des jeunes de 15 à 24 ans se considèrent bien informés au sujet du VIH/sida selon un sondage Ifop réalisé pour Sidaction*, soit une baisse de sept points par rapport à 2020. « L’érosion déjà constatée l’an passé se poursuit, nous atteignons le score le plus bas depuis notre premier sondage en 2009 », déplore Florence Thune, directrice générale de Sidaction, dans un communiqué.
En particulier, ils sont 51 % des sondés à se sentir bien informés sur les lieux où aller se faire dépister (- 20 points par rapport à 2014), 46 % sur le fait qu’une personne vivant avec le VIH et suivant correctement son traitement ne peut pas transmettre le virus, 48 % sur le traitement d’urgence et 36 % sur l’existence des autotests de dépistage.
Propagation des fausses informations
La crise liée au Covid a amplifié la tendance à la dégradation des connaissances. « Peu de sujets émergent et sont traités en dehors du Covid-19, qui impose sa cadence et prend toute la place médiatique. La question du VIH/sida, déjà peu visible avant la crise sanitaire, est encore plus absente des radars médiatiques », estime Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.
Le manque d’information laisse aussi la place à la propagation des idées reçues et des fausses informations. Par exemple, 24 % des jeunes interrogés pensent que le VIH peut se transmettre en embrassant une personne séropositive (+ 9 points par rapport à 2020) et 18 % d’entre eux pensent qu’il est possible d’être infecté en buvant dans le verre d’une personne séropositive.
De plus, les jeunes de 18-24 ans se sentent peu concernés par le VIH, 41 % d’entre eux considérant que les contaminations sont en baisse chez les 15-24 ans, alors que, comme le rappelle Sidaction, cette tranche d’âge représente 13 % des nouvelles découvertes de séropositivité en 2019 (chiffre stable depuis plusieurs années).
Un quart des sondés n’ont pas été informés pendant leur scolarité
De plus, « parmi les personnes ayant déclaré ne pas avoir eu recours au préservatif dans le cadre d’une relation sexuelle, seuls 35 % l’expliquent par la réalisation préalable d’un test de dépistage du VIH par les deux partenaires, soit une baisse de 14 points par rapport à 2020 », note Florence Thune.
L’enquête montre également que 23 % des sondés n’ont jamais eu accès à un enseignement ou à un moment d’information spécifique sur le VIH au cours de leur scolarité (+ 10 points en 5 ans).
« La lutte contre l’épidémie de coronavirus ne peut pas en éclipser une autre. Il est urgent de reprendre les actions de prévention et de sensibilisation au VIH/sida et à la santé sexuelle auprès des 15-24 ans, afin d’éviter une aggravation de l’épidémie de VIH parmi les jeunes », avance Florence Thune.
Baisse des dépistages et recul de la PrEP durant la crise Covid
À quelques jours du Sidaction qui se tiendra du 26 au 28 mars, la Pr Françoise Barré-Sinoussi, présidente de l’association et codécouvreuse du VIH, s’est aussi inquiétée dans une interview donnée au « JDD » des conséquences du Covid. « Sur l’année écoulée, les dépistages ont chuté jusqu’à 50 % dans certains pays et l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition [PrEP] a fortement reculé, en lien avec l’épidémie de Covid. […]. Certains estiment que l’on pourrait perdre dix ans d’efforts dans la lutte contre le sida », constate-t-elle.
Elle déplore également que les leçons du VIH, « qui nous a appris que face à une épidémie virale il faut créer un environnement favorable aux changements de comportement », n’aient pas été tirées, évoquant « d’énormes défauts de communication et des contradictions, y compris entre soignants ».
* L’enquête, réalisée annuellement par Sidaction, a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 1 002 participants âgés de 18 à 24 ans, qui ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 11 et le 17 février 2021.
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