La dyslexie est fréquente avec en moyenne un enfant atteint par classe… soit 5 à 10 % des enfants et 1 à 2 % sévèrement atteints. Sexe ratio : trois garçons pour une fille.
La dyslexie n’empêche pas la réussite : Albert Einstein, Bill Gates, Agatha Christie, Léonard de Vinci, Picasso ou Rockfeller étaient dyslexiques.
QU’EST-CE QUE LA DYSLEXIE ?
La dyslexie désigne les troubles de lecture qui ne sont imputables, ni à un retard d’éducation, ni à une déficience intellectuelle, ni à des problèmes d’attention, ni à un déficit sensoriel, ni à une mauvaise insertion dans le système scolaire. Ainsi, le dyslexique est un enfant ayant été éduqué dans de bonnes conditions, normalement scolarisé, qui ne souffre d’aucune pathologie mentale, d’aucun trouble de l’attention, mais qui présente pourtant un retard de lecture par rapport à ses camarades.
-› Il s’agit d’une difficulté durable d'apprentissage de la lecture et d'acquisition de son automatisme. L’intensité des troubles est variable depuis des difficultés de lecture jusqu'à l'incompréhension totale.
-› Le dyslexique se caractérise par un écart important entre son intelligence normale et sa faible performance en lecture. Elle est lente, laborieuse, elle comporte de nombreuses erreurs liées à la difficulté à identifier les mots écrits alors que la compréhension orale est bonne. L’enfant dyslexique dépense toute son énergie à déchiffrer, et du coup n’a plus d’énergie pour comprendre ce qu’il tente de déchiffrer. La dyslexie touche tous les milieux socioéconomiques.
UNE PHYSIOPATHOLOGIE MIEUX CERNEE
La thèse psychologique explication de la dyslexie a vécu. Aujourd’hui, on estime qu’il s’agit d’une maladie neuro-développementale d’origine partiellement génétique. L’héritabilité de la dyslexie est comprise entre 50 et 65 % (6), 70 % des dyslexiques présentant des antécédents familiaux. L’étude des jumeaux homozygotes montre que lorsque l’un est dyslexique, le risque de l’être pour l’autre est de 70 %, le risque est de 45 % chez les jumeaux hétérozygotes (6, 3).
-› L’imagerie cérébrale montre, chez les dyslexiques, une activité cérébrale différente de celle des non dyslexiques dans trois zones de l’hémisphère gauche qui font partie du réseau cérébral de la lecture (1) : aire pariéto-temporale (siège des représentations phonologiques), aire occipito-temporale (qui stocke les représentations orthographique) et gyrus frontal inférieur (qui fait partie de l’aire de Broca et qui intervient dans l’articulation des mots).
-› L’examen anatomo-pathologique du cortex cérébral montre l’existence d’agrégats ectopiques de cellules gliales et de neurones au niveau des zones de la lecture qui perturberaient leur fonctionnement. Ces ectopies traduisent un trouble des étapes de la maturation cérébrale durant la période migratoire des neurones entre la 16e et 24e semaine de gestation.
Pour la majorité des dyslexies, ces anomalies histologiques seraient responsables d’une incapacité à concevoir le langage oral comme constitué de sons séparés les uns des autres et prononcés de manière successive. Incapacité qui ne permet pas d’acquérir naturellement, et de manière quasi spontanée (comme chez la majorité des élèves de 1re année d'apprentissage), les correspondances entre phonèmes (sons) et graphèmes (lettres).
-› Sur le plan génétique, des mutations sur six chromosomes, 1, 2, 3, 6, 15, 18 ont été identifiés. Quatre gènes candidats impliquées dans la migration neuronale vers les différentes couches du cortex ont été corrélés à la dyslexie (4, 5, 6).
QUAND ÉVOQUER UNE DYSLEXIE ?
On ne peut pas parler de dyslexie avant que l'enfant commence à lire et à écrire. Le Cours Préparatoire (CP) est ainsi le lieu de dépistage. Cependant, les retards de langage oral annoncent souvent les difficultés du langage écrit. Les premiers signes d’une éventuelle future dyslexie pourraient ainsi être suspectés dès la grande section maternelle.
Une fois le diagnostic évoqué, il importe d’adresser l’enfant à l’orthophoniste sans attendre pour réaliser un bilan : dès le 2e trimestre du CP devant une incapacité à entrer dans la lecture, à acquérir les bases du décodage et aussi tout au long du primaire, si l’enfant ne parvient pas à automatiser la lecture.
Toutes les difficultés de lecture ne sont pas liées à une dyslexie : un bilan sensoriel (vue, audition notamment) est toujours nécessaire, certains troubles de la lecture sont liés à des maladies neurologiques, à un retard mental ou à un trouble psychiatrique…
LA PRISE EN CHARGE ORTHOPHONIQUE (7)
La dyslexie s’améliore en général avec le temps mais elle ne disparaît jamais. Après un bilan précis des compétences et faiblesses de l’enfant, la rééducation orthophonique de la dyslexie, faite sur prescription médicale, est individuelle et personnalisée et repose sur(6) :
- l’entraînement des capacités phonologiques de l’enfant,
- la rééducation de la lecture avec des méthodes souvent différentes de celles possibles en classe,
- la mise en place de stratégies de compensation pour permettre à l’enfant de contourner les déficits identifiés.
Deux à 3 séances par semaines sont nécessaires, pendant plusieurs mois. Les outils informatiques permettent également un travail utile à la maison. Les méthodes orthophoniques sont nombreuses mais leur évaluation scientifique est quasi-inexistante (6).
La rééducation doit s’accompagner de mesures pédagogiques adaptées, notamment avec la mise en place d’un projet individualisé de scolarisation en relation avec le médecin scolaire, les enseignants et l’école.
À partir du collège, l’ordinateur est une aide précieuse qui peut écrire sous la dictée de l’enfant et lire ce que l’enfant a écrit et lire les cours.
Les séances sont prises en charge à 60 %.
UN HANDICAP QUI PEUT COMPROMETTRE L’AVENIR
Une dyslexie mal prise en charge peut compromettre très sérieusement l'avenir d'un enfant. Non reconnu dans ses difficultés, celui-ci peut développer des troubles du comportement qui sont la cause des difficultés et non son origine. La dyslexie est responsable d’une grande souffrance psychologique, mauvaise image de soi, sentiment d’incompétence, anxiété, humeur dépressive nécessitant parfois une aide psychologique allant de quelques entretiens à une prise en charge plus longue.
Cependant, il n'existe aucun dépistage systématique effectué par l'éducation nationale.
En outre, les enseignants, qui sont en première ligne, ne disposent d'aucun moyen fiable pour repérer ces enfants. Or, plus l'enfant est repéré tôt, plus la rééducation sera mise en place précocement.
Les enfants les plus gravement atteints sont dépistés plus vite que les autres, leurs symptômes sont très tôt clairement apparents. Les enfants les moins touchés sont les plus à risque : ils passeront de classe en classe avec un petit retard qui deviendra au fil des ans deplus en plus gênant, qui les freinera et risquera même de les "dégoûter" de l'école, avec comme corollaire un très grand risque d'échec scolaire, la dyslexie générant une dysorthographie.
EXEMPLES D’INAPTITUDES DE L’ENFANT DYSLEXIQUE
-› Exemples d’erreurs de lecture d’un enfant dyslexique
L’enfant confond des lettres et des sons (m/n, f/t, b/d, p/t, u/n) (f/v, ch/j, t/d, oi/ou) «poule = boule », « cadeau = gâteau », « vache = fache », « punir = pumir »
Il ne respecte pas l’ordre des lettres dans sa lecture ou les inverse « futru » à la place de « futur »
Il raccourcit des mots « camel » pour « caramel »
Il supprime des lettres un « abe » au lieu d’un « arbre », « page » au lieu de « plage » ou ajoute des lettres « parquet » pour « paquet », « ordeur » pour « odeur »
inverse des lettres « chauffeur » devient « faucheur » , « dorure » devient « rorure », « palier » devient « papier »
Il invente un mot à partir du déchiffrage de la première syllabe par exemple « monsieur » est lu « monstre » ou « participer » est lu « parapluie »
-› Un enfant dyslexique ne sait pas
- dire s'il entend le son "ou" dans le mot "bougie"
- supprimer le premier son du mot "cravate" pour dire « ravate »
- supprimer la seconde syllabe du mot "cinéma", pour dire « cima »
Ces jeux difficiles pour les dyslexiques sont très simples pour les enfants non dyslexiques.
-› Un enfant dyslexique ne reconnaît pas les mots fréquents, oublie les mots appris car l’enfant a besoin de les déchiffrer à chaque fois qu’il les lit. Il lit lentement et fait beaucoup d’erreurs, il a du mal aussi à copier, oublie des lettres, il écrit lentement, n’a quelquefois pas le temps de tout copier (devoirs, leçons), il ne peut pas écrire sous la dictée, confond les sons, coupe mal les mots. Enfin il est bien meilleur en calcul qu’en lecture.
Étude et pratique
HTA : quelle PA cible chez les patients à haut risque cardiovasculaire ?
Mise au point
Troubles psychiatriques : quand évoquer une maladie neurodégénérative ?
Étude et pratique
Complications de FA, l’insuffisance cardiaque plus fréquente que l’AVC
Cas clinique
L’ictus amnésique idiopathique