Après la hausse du point d'indice de la fonction publique, la FHP réclame à son tour des revalorisations pour compenser une « concurrence totalement déloyale »

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Publié le 27/07/2022

Crédit photo : S. Toubon

Suite à la hausse de 3,5 % du point d’indice de la fonction publique, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) demande ce 27 juillet au gouvernement de bénéficier à son tour de « revalorisations tout à fait symétriques ». Les médecins du privé non lucratif avaient fait de même une semaine plus tôt. Les 14 000 médecins du secteur avaient alors demandé à être « traités à égalité des médecins d'établissements publics », selon le Dr Emanuel Loeb, président de Jeunes Médecins.

Pour justifier sa demande, la FHP estime que les salaires des infirmiers sont plus élevés dans le public que dans le privé. Chez ces paramédicaux, en 2018, « l’écart moyen (entre le public et le privé, N.D.L.R.) entre les salaires nets est de 7,9 % », poursuit la FHP, sur la foi du panorama annuel 2021 des établissements de santé de la direction des statistiques du ministère de la Santé (Drees).

L'écart de salaire s'accentue

Dans ce rapport, les salaires mensuels nets en EQTP (équivalent temps plein) moyens en 2018 sont en effet précisés dans chaque catégorie socioprofessionnelle, et par secteur d’activité. On découvre que les infirmiers touchaient 2 339 euros net dans le public en 2018, contre 2 155 euros net dans le privé lucratif. Dans la catégorie « médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens… », les salaires étaient de 5 665 euros nets dans le public, contre 5 478 dans le privé lucratif, pour les praticiens salariés.

Or, depuis cette date, cet écart s’est encore accentué en raison « du Ségur 1, accordé seulement à hauteur de 89 % pour le privé, du Ségur 2 et de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique hospitalière de 3,5 % », plaide la FHP. Selon ses calculs, l’écart de rémunération nette entre le public et le privé pour un infirmier serait désormais de « 12,6 % à dix ans de carrière » , et pourrait atteindre « jusqu’à 22,5 % en fin de carrière ». Conclusion de la fédération : « un infirmier du privé devrait travailler 2,5 mois de plus par an pour arriver au salaire de son collègue du public en fin de carrière, alors qu’il fait pourtant le même travail ».

« Les hôpitaux publics donnent des primes en grande quantité »

Contacté par « Le Quotidien », le président de la FHP, Lamine Gharbi, estime que le différentiel de salaire entre le public et le privé pour les infirmiers équivaut à « 100 à 200 euros de différence en début de carrière, et jusqu’à 700 à 800 euros en fin de carrière ». Il se serait d’ailleurs amplifié avec la crise sanitaire, notamment parce que « les hôpitaux publics donnent des primes en grande quantité » aux soignants.

Le président de la FHP cite l’exemple de la majoration des heures supplémentaires la nuit à l’hôpital public. Celles-ci seraient aujourd’hui « multipliées par cinq ». Quand une infirmière fait trois nuits de plus - c’est-à-dire 30 heures - « elle sera payée 150 heures, donc elle doublera sa paye » à la fin du mois, observe Lamine Gharbi, révolté contre cette « concurrence totalement déloyale ». S'il ne nie pas « les difficultés de l’hôpital public », il tient à rappeler que, à la différence du public, « si les cliniques n’équilibrent pas leurs comptes, elles font faillite ».

Autre problème de taille pour les établissements privés lucratifs : l’inflation. Dans le cadre de la campagne budgétaire 2022 des établissements de santé, l'augmentation tarifaire de 0,7 % accordée en mars dernier ne suffit pas à couvrir la hausse des prix, estime la FHP. « On est aujourd’hui confrontés à une inflation à 6 à 7 %, cela devient intenable », alerte Lamine Gharbi, à laquelle s'ajoutent des ruptures de stock pour les perfuseurs, seringues ou tubulures…

Dotation exceptionnelle et hausse des tarifs

Pour remédier à cette situation, le président de la FHP milite pour le versement d’une dotation exceptionnelle dès cette année, mais aussi pour une augmentation des tarifs dans le prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), de l’ordre de 2 %, hors inflation. « La réussite de la transformation du système de santé passe par la considération de toutes ses composantes », ajoute Lamine Gharbi.

Dernier sujet de discorde enfin : pour la première fois depuis 2012, les hôpitaux publics ont renoué en 2020 avec l'équilibre budgétaire, selon le panorama annuel des établissements de santé 2022 de la Drees. Un « quasi-équilibre » qui s’explique par la garantie de financement, mise en place dès le début de la crise sanitaire du Covid-19. Pendant ce temps-là, « 25 % des cliniques privées en MCO sont en déficit, malgré la garantie de financement », conclut le président de la FHP.


Source : lequotidiendumedecin.fr