ILS ONT SENTI le vent du boulet et décidé de ne surtout pas faire comme si de rien n’était. Leur réplique ne fait pas dans la nuance ; les 28 administrateurs de la Caisse autonome de retraite des médecins de France frappent fort en ouverture du dernier bulletin d’« Informations » (n° 58) de la CARMF. Parlant, une fois n’est pas coutume, en lieu et place du président de la caisse, le Dr Gérard Maudrux, le conseil d’administration uni s’en prend nommément à la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). La hache de guerre, qui n’est jamais très profondément enfouie entre cette organisation et la CARMF, est déterrée en fanfare.
Que reprochent cette fois-ci les administrateurs au premier syndicat de médecins libéraux ? D’avoir intrigué à l’automne pour que soit examiné par le Parlement un amendement au dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2011). Un texte – finalement rejeté en séance par les députés puis par les sénateurs – qui projetait d’instituer pour les trois régimes de retraite des praticiens libéraux (de base, complémentaire et ASV – Allocation supplémentaire vieillesse) un « comité de pilotage national » (« le Quotidien » du 29 octobre).
Coup de force ou bon sens ?
À l’époque, les administrateurs de la CARMF avaient mis leur démission dans la balance. Revenant aujourd’hui sur ce qu’ils considèrent comme une « violente agression », ils ne mâchent pas leurs mots pour désigner le coupable : « La CSMF (...) a revendiqué haut et fort cette action dans ses publications », écrivent-ils avant de dédouaner d’autres syndicats de toute implication dans cette initiative. Pour la Caisse de retraite, qui rappelle qu’elle est « depuis toujours dirigée par les médecins », l’outrage est aggravé par un double déni de démocratie. D’abord vis-à-vis de la CARMF : « Comment peut-on mépriser à ce point la démocratie, s’interrogent ses administrateurs ? Si on veut piloter la CARMF, il y a des élections tous les trois ans. » Et ensuite à l’intérieur même du syndicat incriminé, où, estime le CA dans un joli coup bas, « une faible minorité » aurait agi « sans l’avis de sa propre base ».
Président de la CSMF, le Dr Michel Chassang a beau « ne pas vouloir polémiquer », il répond point par point aux attaques qu’il juge « tendancieuses ». Via un droit de réponse qu’il a demandé au président de la CARMF de publier dans sa prochaine lettre d’« Informations ». Et par un courrier adressé à ceux des adhérents de la Confédération qui lui ont demandé des explications après avoir lu l’éditorial des administrateurs de la caisse. Le fonctionnement interne de la CSMF ? L’idée d’un comité de pilotage de l’ensemble des régimes de retraite des médecins (voir encadré) « fait partie de très longue date du projet confédéral de la CSMF », rappelle le Dr Chassang, précisant que « l’assemblée générale de mars 2007 a (...) confirmé cette orientation ». Quant au fond, installer un tel comité de pilotage spolierait-il la CARMF de quelque attribution que ce soit ? « Jamais », se défend le patron de la CSMF. La proposition « consiste, tout simplement, à rechercher les voies d’une approche globale des trois régimes de la retraite du médecin libéral », ceci « dans un unique but : maintenir et améliorer le niveau de la retraite ».
« Approche globale », « pilotage »… C’est là que le syndicat et la caisse de retraite peinent visiblement à s’accorder. Chacun à sa façon, joue sur les mots. La CSMF plaide la « cohérence » et nie absolument vouloir remettre en cause « le conseil d’administration de la CARMF qui dirige le seul régime complémentaire ». La caisse – qui rappelle au passage que si, effectivement, elle n’est pas gestionnaire des trois régimes, elle est tout de même celle qui encaisse les cotisations du régime de base et de l’ASV – indique qu’« un comité de pilotage, c’est fait pour piloter », et donc bien pour « décider la manière dont un régime est géré ».
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