LA PREMIÈRE problématique qui se pose au service des urgences est de dépister rapidement les patients potentiellement contagieux pour le personnel et pour les autres patients. Ceci concerne aussi bien l’accueil des urgences que la structure d’urgences elle-même.
Le personnel IOA (Infirmier organisateur de l’accueil) est en première ligne, sa sensibilisation est donc essentielle. Des procédures simples doivent être mises à sa disposition. « En d’autres termes, explique le Dr Benoît Doumenc, le personnel IOA doit être capable de dépister tout patient qui présente un risque infectieux pour lui-même et pour les autres patients ». Les contaminations sont variées. La plus importante est aérienne. C’est ainsi qu’une personne qui tousse et qui présente un épisode infectieux avec des symptômes respiratoires ou ORL doit bénéficier immédiatement du port d’un masque. Dès lors, selon les données de l’interrogatoire, le personnel IOA doit estimer le degré de contagiosité du patient : en cas de faible risque de contagiosité et d’absence critère de gravité, le patient attendra en salle d’attente mais devra porter en permanence un masque chirurgical ; en revanche, s’il s’agit d’un patient à haut risque de contagiosité, par exemple de tuberculose ou de coronavirus, le patient, toujours porteur d’un masque, doit bénéficier d’un isolement respiratoire dans un box. Il est évident que le diagnostic formel de tuberculose ne se fait pas aux urgences mais les recommandations de l’INVS, remises à tous les chefs de service et élaborées en collaboration avec les infectiologues et les services d’hygiène, identifient les situations à risque, ce qui permet aux services d’urgences de mettre en place des protocoles précis et adaptés.
Dépister, identifier.
Un autre type de contagiosité est celle de contact, qui intéresse toutes les bactéries multirésistantes qui sont parfois l’apanage de patients ayant été hospitalisés à l’étranger. L’interrogatoire du personnel IOA est essentiel pour le dépistage de ces patients car ils doivent être isolés des autres patients et des précautions doivent être immédiatement mises en place. Un exemple : une femme qui aurait été hospitalisée à l’étranger pour faire le bilan d’une asthénie et chez qui un cancer a été découvert revient en France pour se faire soigner et consulte aux urgences. En l’absence de renseignements précis sur les traitements qu’elle aurait pu recevoir, elle doit être considérée comme potentiellement porteuse de germes multirésistants et devra subir un isolement de contact, même si elle ne présente pas de symptômes particuliers. « Dépister, identifier sont les maîtres mots de la prise en charge d’un patient contagieux », conclut Benoît Doumenc.
Entretien avec le Dr Benoît Doumenc, chef de service urgences adultes, centre hospitalier de St Denis.
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