Salaires, primes et indemnités

Combien gagne (vraiment) un PH à temps plein ?

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Publié le 02/09/2019
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Dans une étude sur la rémunération des praticiens hospitaliers, le Centre national de gestion (CNG) illustre les disparités entre spécialités et établissements. Dans les petits hôpitaux, urgentistes, anesthésistes et radiologues fortifient leurs payes avec les primes et les indemnités.

Praticiens hospitaliers

Le Centre national de gestion (CNG, qui supervise les carrières des praticiens hospitaliers) a passé au crible dans son dernier rapport d'activité la rémunération de 75 287 professionnels (41 846 ETP) exerçant dans 301 hôpitaux (centre hospitalier spécialisé ou non, hôpital local et CHU).

En 2016, les praticiens hospitaliers (PH) temps plein ont perçu 72 312 euros en moyenne en CHU et 72 120 euros en centre hospitalier (hors primes et indemnités). Avec 69 270 euros en moyenne sur l'année, les urgentistes (services, SAMU, SMUR) sont les moins bien lotis hors CHU. Le CNG explique cela par l'âge moyen de ces PH, plus jeunes que dans d'autres spécialités (et donc à l'ancienneté moins élevée). Les odontologistes exerçant en CHU sont les moins bien rémunérés (68 197 euros). 

14 000 à 19 000 euros de primes par an

Les primes et indemnités – il en existe plus de 15 – correspondent à plus d'un quart (26,5 %, soit 19 100 euros annuels) des émoluments de base moyens des PH en centre hospitalier et 19,6 % (14 169 euros) des CHU. La situation est très hétérogène selon les spécialités. La pénurie médicale et le mode d'exercice entrent en ligne de compte.

En centre hospitalier, les urgentistes perçoivent en primes et indemnités l'équivalent de 50 % de leurs revenus (34 248 euros), portant finalement leur rémunération moyenne brute annuelle à 103 518 euros. Suivent les anesthésistes (38,5 %, 28 734 euros), les spécialités chirurgicales (34,4 %, 24 640 euros) et la radiologie/imagerie médicale (29,5 %, 22 043 euros). 

En CHU, la part des primes et indemnités dans la rémunération brute des praticiens se révèle en moyenne moins élevée. Un radiologue perçoit au total 14 743 euros de plus en centre hospitalier qu'en CHU, à la faveur d'indemnités deux fois plus élevées. Cet effet est aussi visible en chirurgie (+7 973 euros), en anesthésie (+7 142 euros) ou en médecine d'urgences (+6 039 euros). 

Le bide de la prime multi-sites

Le CNG décortique aussi l’indemnité de service public exclusif. Ce bonus est versé aux praticiens qui s'engagent, pour une période de trois ans renouvelable, à ne pas exercer une activité libérale. Son montant était en 2016, année de l'étude du CNG, de 490,41 euros mensuels (5 884,92 euros par an). Neuf PH sur dix en centre hospitalier et huit PH sur dix en CHU en bénéficient. Cette prime a été majorée en 2017 à 700 euros brut pour un minimum de 15 ans sans activité libérale.

En revanche, la prime multi-sites (devenue prime d'exercice territorial en 2017) de 418,35 euros mensuels pour deux demi-journées hebdomadaires d’activité – au minimum et en moyenne – en dehors de l'hôpital de rattachement est nettement moins répandue. Elle concerne 3,3 % des PH en CHU et 11,3 % en centre hospitalier.

L'indemnité pour poste à recrutement prioritaire de 10 000 euros est versée aux PH qui s'engagent à exercer leurs fonctions pendant cinq ans sur un poste prioritaire. Cette allocation spécifique ne convainc guère les PH (moins de 1 % est concerné), qui préfèrent parfois négocier directement avec le directeur d'hôpital leur rémunération. 

Les 2,2 % de PH qui sont présidents de commission médicale d'établissement (CME) ont gagné 300 euros brut mensuel (3 600 euros par an) à ce titre.  

Enfin, l’indemnité de chef de pôle – constituée d'une part fixe mensuelle de 200 euros et d'une part variable annuelle de 2 400 euros maximum – concerne 0,7 % des PH temps plein en CHU et 9,1 % en CH.

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin