Les vagues de chaleur de 2020 ont été les plus meurtrières depuis l'existence du plan canicule

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Publié le 21/10/2020
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Crédit photo : AFP

La période janvier-août 2020 est la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle nationale depuis le début des mesures météorologiques en 1900, et s'est déroulée dans un contexte sanitaire compliqué par l'épidémie de Covid-19. Selon les données communiquées par Santé publique France dans son bulletin de santé publique, les vagues de chaleur estivales sont associées à une surmortalité de 1 924 décès, soit 18 % de plus comparé à la mortalité attendue.

Ce chiffre, estimé à partir d’une extrapolation de l’échantillon des communes informatisées de l’Insee, fait de l'été 2020 celui au cours duquel l'impact sanitaire des vagues de chaleur a été le plus important depuis le lancement du plan national canicule (PNC) en 2004. L'année 2020 se situe donc en termes de mortalité juste devant les étés 2015, 2018 et 2019, mais reste inférieure à l'été 2003 et ses 15 000 décès supplémentaires. Elle constitue une nouvelle illustration de l'intensification des vagues de chaleurs qui frappent le pays.

Les plus de 75 ans, les plus touchés par les fortes chaleurs

Au cours de l'été 2020, trois vagues de chaleur ont été enregistrées : une première entre le 26 juillet et le 3 août, particulièrement intense dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la deuxième entre le 7 et 13 août, a couvert les trois quarts de la population française métropolitaine, et enfin une courte vague de chaleur, entre le 19 et le 21 août, qui s’est déroulée dans quatre départements d’Auvergne-Rhône-Alpes et un département de Bourgogne-Franche-Comté. À l’exception des Hauts-de-France, de l'Île-de-France et de la Normandie, les épisodes de forte chaleur de 2020 ont été moins sévères que ceux de 2019, les records de chaleur de 2019 n’ayant pas été dépassés.

En tout, plus de 50 millions de Français métropolitains ont été impactés par au moins une vague de chaleur. Les plus de 75 ans constituent la catégorie de la population la plus touchée, avec 1 377 décès en excès, mais une surmortalité de 18 % (202 décès supplémentaires) a également été observée chez les 45-64 ans lors de la deuxième vague de chaleur.

La répartition des décès est inégale, puisque ces derniers se concentrent sur les 15 départements placés en vigilance rouge pendant au moins 5 jours : 1 029 décès en excès, soit cinq fois plus que la moyenne des autres départements.

Par ailleurs, on dénombre sur la période estivale douze accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur, dont cinq survenus au cours d'une des trois vagues de chaleur.

15 000 passages aux urgences pour motifs liés aux chaleurs

Près de 15 000 passages aux urgences et plus de 3 000 consultations SOS médecins enregistrés en France métropolitaine avaient pour motif une hyperthermie, une déshydratation et/ou une hyponatrémie.

Compte tenu du contexte sanitaire et de l'épidémie de Covid-19, les auteurs de Santé publique France estiment que l’épidémie a pu avoir une influence négative sur les comportements des personnes souffrant des conséquences de la chaleur, en les dissuadant de recourir aux soins. Par ailleurs, les mesures de prévention canicule ont été ajustées pour l’été 2020 afin de tenir compte de l’épidémie de Covid-19, et la concomitance ainsi que la forte visibilité des mesures de prévention contre l’épidémie de Covid-19 ont pu diminuer la perception du risque canicule, par ailleurs déjà faible. Afin d'investiguer ce point, l'agence sanitaire va procéder à une évaluation des mesures de gestion mises en œuvre pendant l’été 2020.


Source : lequotidiendumedecin.fr