« Je suis médecin généraliste à Paris. En plus de mon activité classique en cabinet médical, je fais des gardes de nuit et de week-end en maison médicale de garde. Ça ne va probablement pas durer, car, à compter du 22 décembre 2024, la nouvelle convention médicale entrera en vigueur », explique en introduction le Dr Mathieu Prix. Avec pour conséquence la suppression des cotations de PDS-A, F, MN et MM, (de respectivement 19,06 euros, 35 euros et 40 euros) pour les actes non régulés. Sauf en cas de véritable urgence pour une affection ou la suspicion d’une affection mettant en jeu la vie du patient ou l’intégrité de son organisme et entraînant la mobilisation rapide des ressources humaines et matérielles. Mais en dehors de ce cas de figure spécifique, « qui ne doit pas représenter plus de 2 % de nos consultations durant les gardes », estime le Dr Prix, la majoration de PDS-A non régulée sera donc de 5 euros.
Véritable surprise
« Ça a été une véritable surprise », poursuit le généraliste de 45 ans, qui exerce dans une maison de santé pluriprofessionnelle dans le 10e arrondissement de la capitale et intervient en parallèle dans la maison médicale de garde (MMG) de Paris Nord-Est depuis huit ans. « C’est une particularité à Paris, Lyon et Marseille. Dans les grandes villes, on s’est aperçu que la régulation était peu pertinente pour l’accès aux soins des patients que nous recevons durant nos gardes », poursuit celui qui accueille les habitants, souvent en situation de précarité, venus du 10e, du 19e arrondissement parisien ainsi que d’une partie de la Seine-Saint-Denis. Et c’est pour eux, à l’instar de ses confrères des quatre autres MMG de la capitale, que le Dr Prix aujourd’hui s’inquiète. Pour mémoire cet été, des généralistes de MMG de Seine-Saint-Denis avaient entamé un mouvement de grève des gardes pour protester contre leur caisse. Cette dernière avait devancé les cotations de la nouvelle convention fraîchement signée et n’avait pas hésité à qualifier ces médecins de fraudeurs en les accusant de majorations abusives.
Engorgement accru des urgences
« Travailler le soir, le samedi et le dimanche pour 5 euros de majoration, clairement, on n’aura plus assez de confrères pour remplir le tableau de garde », relève le praticien qui a déjà fait ses estimations. Sa MMG accueille 7 500 patients par an, un chiffre sensiblement équivalent à celui des autres maisons de garde parisiennes. À l’arrivée, ce sont donc 37 500 patients qui, potentiellement, pourraient se rabattre sur les urgences hospitalières s’ils trouvaient porte close à leur maison médicale habituelle.
« Cela va engorger davantage les urgences et coûter davantage aux patients et à la Sécu », le coût d’un passage aux urgences étant bien plus onéreux qu’une consultation en MMG, insiste le généraliste parisien. Qui espère bien avec sa pétition qui a recueilli, en un mois et demi, plus de 50 000 signatures faire réagir les tutelles franciliennes, caisses primaires et ARS. Officieusement, l’ARS aurait déjà fait savoir « que nous pourrions bénéficier de trois mois de sursis », pour se mettre dans les clous, confie le Dr Prix. « On va les mettre à profit pour essayer de rester ouvert et de continuer à informer les patients pour leur dire qu’on n’est pas sûr de la suite et essayer de trouver des solutions ». À ce jour, seuls une dizaine de généralistes sur la cinquantaine de professionnels de la MMG Paris Nord-Est se disaient prêts à continuer à assurer la PDS-A aux conditions de la nouvelle convention…
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre