Les nouveaux CD de Dany Doriz et Karl Berger

Des as du vibraphone

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Publié le 25/11/2022
Que serait le vibraphone sans Lionel Hampton et Milt Jackson ? Réponse avec deux as des lames aux parcours diamétralement opposés : Dany Doriz et Karl Berger.
Karl Berger (à gauche) en quartet

Karl Berger (à gauche) en quartet

* Relativement rare dans le jazz, le vibraphone a cependant connu des périodes fastes : la première durant l'ère swing des années 1930-1940 avec le bondissant et fringant Lionel Hampton ; la seconde grâce au « jazz de chambre » du Modern Jazz Quartet (MJQ), avec l'élégant Milt Jackson. C'est essentiellement au premier que fait référence Dany Doriz. Émule de l'immense Hamp, celui qui est aussi depuis les années 1970 le patron du célébrissime Caveau de la Huchette, créé en 1946 à Paris et devenu doublement mythique mondialement grâce au film « La, La Land », n'a jamais caché sa dévotion personnelle et musicale pour le maître du jazz swing, avec qui il a souvent partagé la scène.

Pour son nouveau CD, « Doriz & Pastre - Fathers en Sons - The Lionel Hampton/Illinois Jacquet Ceremony » (Frémeaux & Associés), il s'est associé au saxophoniste-ténor Michel Pastre, grand adorateur de saxophonistes mainstream comme Illinois Jacquet, Ben Webster ou Arnett Cobb. Sans oublier la complicité de la descendance : Didier Dorise (batterie) et César Pastre (orgue Hammond). À eux quatre, ils reprennent, avec une fougue remplie de ce swing éternel, des compositions de leurs mentors et autres idoles d'un jazz énergique et mélodique – et surtout indémodable –, dont l'écoute est un ravissement. (En concert les 1er et 16 décembre au Caveau de la Huchette)

* À 87 ans, le vibraphoniste allemand Karl Berger est l'une des dernières figures encore vivantes de l'épopée free-jazz, née aux États-Unis dans les années 1960 et qui avait trouvé un terreau extrêmement favorable en Europe, notamment en Allemagne et en France à cette époque. Instrumentiste « accidentel » après sa rencontre en 1961 avec le vibraphoniste français Michel Hausser (95 ans aujourd'hui), il se joint à certains des principaux pionniers du jazz d'avant-garde, comme Ornette Coleman, Don Cherry, Steve Lacy, Sam Rivers, Anthony Braxton et Marion Brown, pour explorer plusieurs phases du jazz libre et improvisé, en tant que leader ou au sein de divers ensembles.

Avec le cornettiste américain Kirk Knuffke, il vient de trouver une nouvelle jeunesse en enregistrant « Heart Is A Melody » (Stunt Records). En quartet, avec Jay Anderson (contrebasse) et Matt Wilson (batterie), il reconsidère et développe à foison, à travers des compositions originales et des titres écrits par certains de ses anciens acolytes, ces rythmes décalés, à contretemps, souvent compliqués mais qui dégagent en permanence une forte créativité esthétique.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin