Agnès Buzyn n’ira pas à Bruxelles. C’est finalement Nathalie Loiseau, actuelle ministre des Affaires européennes qui sera tête de liste La République en marche aux prochaines élections européennes. Longtemps pressentie, la ministre de la Santé dit n’avoir aucun regret. « Si j'avais dû partir pour l'Europe, je pense que j'aurais eu une forme de frustration de ne pas avoir été jusqu'au bout de ce que je souhaite faire dans ce ministère », a-t-elle expliqué à l’AFP, alors que sa loi de santé devait être votée à l’Assemblée nationale ce mardi.
La tentation de Bruxelles a pourtant été très forte en ce début d'année. « Elle a été approchée par plein de gens, ça a résonné par rapport à son histoire et à ses convictions », raconte un haut fonctionnaire, faisant allusion aux liens familiaux d’Agnès Buzyn avec Simone Veil dont elle a épousé le fils. Mais, en plein vote de la loi santé, « ça aurait été un énorme gâchis de changer de ministre », d'autant qu'elle a « une forte crédibilité dans le secteur ».
Une ministre « déconnectée du terrain » ?
Un sentiment moins partagé à la base du système hospitalier où les infirmières gardent en travers de la gorge quelques attitudes qualifiées de « mépris de classe » : des yeux levés au ciel, un rictus lors d'une visite à Rouen… Un médecin parisien juge que la ministre est depuis trop longtemps « déconnectée du terrain ».
Pas de quoi la pousser à partir, quand tant d'autres ont voulu la retenir. « Ils ont tous fait une démarche auprès d'elle en disant “Vous ne pouvez pas nous laisser tomber”. Ça l'a beaucoup touchée », selon un pilier de la majorité.
Tant pis pour le symbole d'un destin européen dans les pas de Simone Veil. « Je trace mon propre chemin, en restant fidèle à ses valeurs », dit Agnès Buzyn. Un chemin qui la confrontera bientôt aux tabous d'une société : la bioéthique, les retraites, la dépendance. « Ce sont des sujets de société absolument magnifiques et je n'ai pas fini le travail [au ministère], loin de là », dit la ministre. Redoute-elle une opposition farouche sur ces sujets clivants ? « Je n'ai pas peur. En fait, je n'ai peur de rien », répond la ministre.
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