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Quelles missions pour le CNP cardiovasculaire ?

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Publié le 26/05/2023
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Le Conseil national professionnel (CNP) cardiovasculaire (CV) doit assurer la promotion du développement professionnel continue (DPC), et répondre aux demandes d’avis ou de prises de position des différentes institutions. Mais quels sont ses principaux chantiers ?
Définir les grandes orientations prioritaires du développement professionnel continu

Définir les grandes orientations prioritaires du développement professionnel continu
Crédit photo : GARO/PHANIE

« La force de cet organisme officiel est de représenter toutes les composantes de la cardiologie. Il regroupe à parité des salariés et libéraux », estime le Dr Marc Villacèque, vice-président du CNPCV et du Syndicat national des cardiologues (SNC). Les structures constituantes du CNPCV sont la Société française de Cardiologie (SFC), le Collège national des cardiologues des hôpitaux (CNCH), le SNC et le Collège national des cardiologues français (CNCF). 

Quatre grands objectifs

« Le CNPCV a quatre missions principales. Il doit assurer la promotion du DPC, répondre aux sollicitations des institutions pour donner des avis scientifiques, ou se prononcer sur l’organisation de l’exercice professionnel des cardiologues. Il participe aussi à des registres, réfléchit à l’évolution des métiers et des compétences professionnelles », détaille le Dr Villacèque. En matière de DPC, il est en charge des grandes orientations prioritaires. « Chaque CNP doit proposer tous les trois ans des sujets qui permettront de valider le DPC. Les derniers thèmes préconisés sont notamment l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque (IC), la dyslipidémie et l’apnée du sommeil », précise le Dr Villacèque.

À la demande de la Haute autorité de santé (HAS), le CNPCV a aussi travaillé sur l’implantation de valve aortique par voie percutanée (TAVI). « Nous avons eu une première demande de la HAS en 2020 pour définir les critères d’éligibilité des centres pouvant faire des TAVI. Ces implantations se font déjà dans les centres pratiquant la chirurgie cardiaque, et la question est de savoir si cela peut être élargi aux autres. La HAS nous a de nouveau sollicités, mais avec un calendrier plus serré, puisque nous devrons rendre notre prise de position en juin prochain », indique le Dr Villacèque.

Le financement de la télésurveillance

Un autre dossier d’actualité est le passage de la télésurveillance dans le droit commun (voir page 26). « Jusque-là, cette activité se faisait avec un financement prévu dans le programme Etapes de l’assurance maladie (AM). Pour préparer le passage dans le droit commun, le ministère et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) travaillent avec tous les CNP, notamment le nôtre, car notre spécialité a le plus de patients en télésurveillance. Ainsi, 18 000 patients sont aujourd’hui télésurveillés pour IC, et bien davantage en cas de pacemakers et de défibrillateurs. Nous espérons trouver une solution avec le ministère sur une majoration des forfaits pour certains patients complexes », reconnaît le Dr Villacèque. D’ailleurs, sur le dossier de l’IC, le CNPCV travaille en lien étroit avec l’AM. « Celle-ci nous a demandé de remonter du terrain toutes les organisations innovantes dans l’IC, afin de faire émerger les bonnes solutions et évaluer la possibilité de les dupliquer ailleurs sur le territoire ». C’est dans cet esprit que le CNPCV, associé au Groupe IC et cardiomyopathie (GICC) de la SFC, a créé « Les Trophées de l’insuffisance cardiaque », décernés le 12 mai 2023 en présence de Mme Marguerite Cazeneuve (directrice déléguée de l’AM) dans sept catégories : santé publique, parcours de santé, innovations médicales et organisationnelles, numérique, nouveaux métiers, formation des professionnels, relation patients et proches. 

Un Livre blanc de la cardiologie

Le CNPCV a élaboré un Livre blanc de la cardiologie, visant à mettre en lumière les grands défis de la profession dans un contexte démographique préoccupant. « L’augmentation du nombre de patients est liée au vieillissement de la population, et dans une moindre mesure, à l’amélioration de leur survie. Elle survient alors que les professionnels sont en tension. Selon la pyramide des âges des cardiologues, 25 % d’entre eux ont plus de 60 ans. Les prévisions font état de 220 départs à la retraite chaque année jusqu’en 2027, alors que seulement 195 internes en cardiologie sont formés. La diminution générale des effectifs concerne aussi bien les cardiologues libéraux que hospitaliers, souligne le CNPCV. Si la densité moyenne nationale est de 7,7 cardiologues libéraux pour 100 000 habitants, ce chiffre masque d’importantes disparités entre les départements. Les délais de consultation sont souvent trop longs, en raison de l’inadéquation entre le nombre de cardiologues et les besoins des patients, ainsi que les disparités régionales en termes de ressources. Cette situation est particulièrement préoccupante en cas de décompensation cardiaque, une des complications de l’IC à risque élevé de mortalité. Alors qu’une prise en charge est recommandée dans les 15 jours après l’apparition des premiers symptômes, les délais de consultation en ville sont tels que près de la moitié des patients concernés finissent hospitalisés ».

Au total, 14 propositions d’actions ont été faites par le CNPCV autour de cinq recommandations concrètes : faire évoluer l’offre de soins dans la discipline, impliquer tous les cardiologues dans la filière de soins non programmés, renforcer l’attractivité de la cardiologie générale, favoriser l’évolution des pratiques et la pertinence des actes, soutenir la recherche pour maintenir l’attractivité et faire face aux grands enjeux de la spécialité.

Antoine Dalat

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste