Monkeypox : les réponses rapides de la HAS pour une prise en charge adaptée

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Publié le 05/09/2022
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Crédit photo : S.Toubon

La Haute Autorité de santé (HAS) publie des réponses rapides afin d’accompagner les professionnels de santé de premier recours dans la prise en charge des personnes à risque d’être infectées par le virus Monkeypox (variole du singe).

Du diagnostic au traitement en passant par la vaccination et la prévention, la HAS passe en revue les clés d’une prise en charge adaptée. Pour compléter cette information, la HAS précise organiser « prochainement un webinaire à l’intention des professionnels de santé ».

Jusqu’alors principalement présent en Afrique de l'Ouest ou centrale, le virus Monkeypox diffuse depuis le mois de mai 2022 en Europe et notamment en France, avec une présentation clinique qui semble différente. Ainsi, 3 547 cas confirmés ont été recensés sur le territoire au 29 août 2022, dont 68 patients (soit 3 %) hospitalisés, est-il rappelé. En France, environ 95 % des cas concernent des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Ce document, élaboré en lien étroit avec les sociétés savantes et les associations de patients*, synthétise les données actuelles et s’appuie sur les travaux antérieurs, en particulier ceux de Santé publique France, pour dresser « un panorama complet des éléments de réponse connus à ce stade sur le virus », indique le communiqué de la HAS.

Un diagnostic avant tout clinique

La HAS rappelle que le diagnostic est avant tout clinique. « Il s’appuie sur un interrogatoire du patient et sur le contexte d’apparition des symptômes, est-il indiqué. Ces derniers se présentent sous plusieurs formes (lésions cutanées, adénopathies douloureuses, angine, anite, rectite, fièvre…) et surviennent après une période d'incubation comprise entre 5 et 21 jours. »

Le diagnostic biologique par test PCR spécifique par prélèvement des lésions cutanées ou muqueuses n’est utile qu’en cas de doute et ne concerne pas les personnes asymptomatiques. En raison du mode de transmission principalement sexuel, la HAS recommande d’interroger le malade sur son statut VIH et de réaliser d’emblée et systématiquement un bilan des infections sexuellement transmissibles (IST), à la fois sanguin (sérologies VIH, VHB, VHC, syphilis) et urinaire (PCR gonocoque et chlamydia sur premier jet).

Concernant la prise en charge, la HAS rappelle que le patient doit s’isoler « dès l’apparition des symptômes et jusqu’à la guérison complète des lésions et au moins 21 jours ». Il doit ainsi s’abstenir de tout contact physique et notamment de rapports sexuels, même protégés, pendant cette période.

La HAS détaille les précautions à prendre pour éviter la transmission, les conseils d’hygiène et le suivi de l’évolution des symptômes. « Le contact étroit avec les patients peut exposer les professionnels de santé qui doivent donc se protéger en conséquence (masque FFP2, blouse, gants, lunettes) », est-il indiqué pour les soignants.

S’il n’existe pas encore de traitement spécifique pour les formes simples de la maladie, ces réponses rapides regroupent les informations sur les traitements symptomatiques et notamment sur la prise en charge des lésions cutanées, de la douleur et sur l’indication éventuelle d’un traitement antibiotique en cas de surinfection.

La HAS rappelle que « la prescription d’anti-inflammatoires ou de corticoïdes est à proscrire ». La prise en charge est en général ambulatoire avec une évolution favorable en deux à quatre semaines en moyenne. Si ce n’est pas le cas, les critères d’hospitalisation sont précisés. « En France depuis le début de l’épidémie, 3 % des malades ont nécessité une hospitalisation », rapporte la HAS, soulignant l'attention particulière à porter aux populations à risque de formes graves (individus immunodéprimés, femmes enceintes et jeunes enfants) et l'orientation dans ces cas vers un avis spécialisé.

Vaccination en préexposition

La HAS souligne la nécessité d’une vaccination en préexposition chez les personnes à très haut risque d’exposition et en post-exposition pour les personnes contacts à risque de contamination, ajoutant que « la vaccination en préexposition des mineurs entrant dans les cibles vaccinales peut être envisagée au cas par cas ».

Il est précisé également que les vaccins de troisième génération (Imvanex/Jynneos) peuvent être administrés simultanément avec tout autre vaccin du calendrier vaccinal, sans risque pour les patients. Et si le vaccin du calendrier vaccinal en question est un vaccin vivant atténué, il doit être administré soit le même jour que le vaccin contre le Monkeypox, soit à quatre semaines d’intervalle.

La HAS insiste aussi sur la nécessité de déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d'être dû à un des vaccins auprès d’un centre régional de pharmacovigilance ou sur le portail de signalement des événements sanitaires indésirables. « La déclaration de l’infection au virus Monkeypox est, quant à elle, obligatoire », est-il souligné.

Afin de limiter la propagation et la gravité de l'épidémie, la HAS invite les professionnels de santé à « (identifier) au sein de sa patientèle les patients les plus exposés, de proposer la vaccination, d’expliquer les modalités de transmission mais aussi d’informer le patient des symptômes à surveiller ». Plus largement, la HAS souligne la nécessité de promouvoir la santé sexuelle et la réduction des risques et de proposer pour ces publics un dépistage des IST. En complément, la HAS publie trois fiches pratiques consacrées à la prise en charge des patients, aux personnes contacts à risque et à la vaccination.

* ANRS-MIE, Collège de la médecine générale, Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf), Société française de lutte contre le sida (SFLS), Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS), TRT-5 CHV, Société française de microbiologie (SFM), Société française de dermatologie (SFD)


Source : lequotidiendumedecin.fr