Les membres de collectifs citoyens et d’associations intervenant auprès des migrants suspendront leurs activités demain (hors distributions alimentaires) et se rassembleront à 17 h sur la place de la Rotonde, à Paris. Ils comptent ainsi « dénoncer l’action des pouvoirs publics » qui, de violences policières en démantèlements de campements, nuit à ces populations vulnérables.
Bénévole chez Médecins du Monde, le Dr Patrick Bouffard intervient plusieurs fois par semaine auprès des personnes exilées à Paris, dans un camion de consultations posté aux portes de la Chapelle et d’Aubervilliers. Il se dit aujourd’hui « usé » et vit avec l’« impression d’être dans une impasse » face à « l’absence de solutions pérennes ».
Une forte inquiétude sur la santé mentale
La mobilisation à laquelle il participera demain, insiste-t-il, est une « action symbolique » pour rappeler, une nouvelle fois, les « conditions sanitaires déplorables » et la « dégradation physique et psychologique » que vivent les personnes exilées dans le Nord-Est parisien et dans son immédiate périphérie.
« Les pathologies rencontrées sont celles que l’on retrouve chez les personnes à la rue : des pathologies cutanées, digestives, ostéo-articulaires et, de plus en plus, dentaires, s’alarme le Dr Patrick Bouffard. Le plus inquiétant reste la santé mentale avec une détresse qui s’enkyste et peut dériver vers le pathologique. De même, ces vies de dérive à la rue conduisent à des entrées dans les addictions avec tous les problèmes associés. »
Or, sans solution de mise à l’abri de ces personnes, aucune prise en charge dans la durée, ni aucun suivi ne sont envisageables. Dans ce contexte, le médecin dénonce une « médecine qui n’est ni faite, ni à faire ». Face à cette situation jugée « dramatique », les collectifs citoyens et les associations « n’acceptent plus de suppléer un gouvernement et un État défaillants dont l'action confine à une mise en danger délibérée des personnes », tancent-ils dans leur communiqué.
Le préalable aux soins reste la mise à l’abri
Ils demandent ainsi une mise à l’abri d’urgence, une continuité d’hébergement, un accès rapide aux procédures de demande d’asile, et une réflexion collective sur les solutions pérennes à la situation de crise actuelle. Et, « tant que les campements perdureront », leur demande porte sur « la garantie de conditions d’hygiène dignes (sanitaires, urinoirs et accès à l’eau) ; et l’arrêt des violences policières, des confiscations et des destructions de matériels ».
Ce qui prédomine, chez ces intervenants, est le « sentiment d’un grand bricolage et d’une volonté de pourrissement de la part de l’État », estime le Dr Patrick Bouffard, par ailleurs « consterné » par les propos du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui a qualifié les ONG venant en aide aux migrants de « complices des passeurs ». Suscitant de nombreuses réactions, notamment sur les réseaux sociaux, ses propos sont qualifiés de « scandaleux et irresponsables », par le membre de Médecins du Monde. « Cela relève du politicard dans un contexte électoral », juge-t-il.
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