Alcool, drogues : le cri d'alarme du patron américain de la santé... et des autorités canadiennes

Publié le 20/11/2016
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Crédit photo : United States Senate/CC

"Je lance un nouvel appel pour agir afin de mettre fin à cette crise de santé publique que constitue l'accoutumance". Le dernier rapport du "Surgeon general" aux Etats-Unis alerte sur l'accoutumance à l'alcool et aux drogues qui affecte des dizaines de millions d'Américains.

"Les abus d'alcool et de drogues constituent l'une des crises de santé publique les plus pressantes de notre temps", martèle le médecinn chef des Etats-Unis (équivalent de notre DGS), le Dr Vivek Murthy (photo). Son document cherche "à changer la manière dont la société perçoit l'utilisation excessive d'alcool et la consommation de drogues", explique-t-il. Sur le sujet, le diagnostic du Dr Murphy ne s'embarrasse en effet d'aucun détour : "L'accoutumance n'est pas une faiblesse de caractère mais bien une pathologie chronique qui doit être traitée avec les mêmes compétences médicales et la même compassion que les maladies cardiaques, le cancer et le diabète". En 2015, plus de 27 millions de personnes aux Etats-Unis utilisaient des drogues illicites, dont 21 millions souffraient d'une accoutumance, soit davantage que le nombre de personnes atteintes d'un cancer, précise le rapport. Mais seulement une sur dix était traitée.

Le document du "Surgeon General" indique également que plus de 66 millions d'adultes et d'adolescents, soit près de 25 % de la population, ont reconnu avoir bu de l'alcool de façon très excessive dans les trente derniers jours. On estime d'ailleurs que les seuls abus d'alcool coûtent 249 milliards de dollars annuellement à l'économie américaine. Quant à l'usage des drogues illégales, le rapport le chiffre au total à 193 milliards de dollars par an. Le mauvais usage des analgésiques opiacés prescrits par des médecins suscite une inquiétude grandissante des autorités sanitaires alors que selon ce rapport 12,5 millions d'Américains en abusent. De ce fait, le nombre de décès par surdose de ces antalgiques et d'héroïne a explosé ces dernières années avec actuellement 78 décès quotidiennement aux Etats-Unis, soit quasiment un quadruplement depuis 1999.

Avec ce document, le Surgeon General espère produire les mêmes effets bénéfiques qu'avec le rapport sur les dangers du tabac il y a cinq ans, crédité d'avoir sauvé des millions de vies. Le Dr Murphy, plaidant pour davantage d'investissement dans la recherche sur la prévention, le traitement et la convalescence de cette maladie chronique ainsi que pour plus de programmes publics afin d'aider ceux qui en souffrent.

Sommet de crise à Ottawa

Au même moment de l'autre côté de la frontière, la flambée de surdoses mortelles aux opiacés que connaît le Canada inquiète aussi beaucoup. Elle constitue une véritable "crise nationale de santé publique" et l'"état d'urgence" pourrait être décrété, a déclaré vendredi la ministre canadienne de la Santé "Si nous établissons que  si l'état d'urgence est un outil approprié, nous le décrèterons", a affirmé la ministre Jane Philpott à l'ouverture à Ottawa d'un sommet national sur cette crise. "En 2015, environ 2.000 Canadiens sont morts d'une surdose d'opioïdes, et plusieurs provinces constatent un nombre encore plus élevé de décès en 2016", a indiqué un porte-parole du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), Don Davies"Quand vous avez plus de 700 morts chaque année en Ontario, un nombre similaire en Colombie-Britannique, des chiffres en hausse en Alberta et au Manitoba, il est clair que nous devons agir urgemment", a déclaré pour sa part Eric Haskins, ministre de la Santé de l'Ontario. 

L'Association médicale canadienne a fait son mea culpa en reconnaissant "que les habitudes d'ordonnance d'opioïdes", souvent prescrites dans les cas de cancer 
u de maladies chroniques, "comptent parmi les nombreux facteurs qui contribuent à cette crise".


Source : lequotidiendumedecin.fr