C’est avec une enveloppe de 58 millions d’euros sur sept ans que l’Inserm et l’Inrae se lancent dans un partenariat de recherche sur les liens entre alimentation, microbiome et santé. Ce travail s’inscrit dans le cadre du plan France 2030, ce projet d’investissement à 54 milliards d’euros du gouvernement.
Annoncé en octobre 2021 par le gouvernement Macron, le plan France 2030 ambitionne d’opérer une transition économique durable et leader par l’innovation technologique. S’inscrivant dans le cadre du partenariat Inserm x Inria annoncé l’année dernière, les deux instituts de recherche ont annoncé ce 12 février le lancement de ce nouveau programme de recherche. L’objectif est ici de répondre à la problématique exponentielle des maladies chroniques dont une grande part est liée à l’altération des microbiomes, et de comprendre comment la solutionner, notamment par l’alimentation.
L’incidence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici) a augmenté depuis la fin du XXe siècle et le lien de causalité avec l’environnement et nos modes de vie se confirme de jour en jour. Ainsi, « la meilleure compréhension des relations entre alimentation, microbiome et santé, à l’échelle des habitudes de consommation individuelle jusqu’à celle d’un système alimentaire dans son ensemble, doit permettre de répondre à un enjeu de santé publique prégnant : réduire l’incidence des maladies chroniques par le biais d’une alimentation de qualité », déclare Philippe Mauguin, PDG d’Inrae, dans le communiqué de presse conjoint des deux instituts.
Déjà, en septembre 2022, l’Inrae, l’Inserm, l’AP-PH et AgroParis Tech avaient lancé la phase pilote du projet French Gut qui s’intéresse au microbiote des Français. L’objectif en est de « cartographier le microbiote intestinal des Français ; modéliser et prévoir les changements du microbiote intestinal associés aux maladies chroniques, aux troubles neurodéveloppementaux et aux maladies neurodégénératives ; et décrire les variations du microbiote intestinal associées à la présence et au développement de ces maladies ». Les instigateurs espèrent recueillir 100 000 échantillons fécaux d’ici à 2027.
Une feuille de route vaste et ambitieuse
Piloté par l’Inserm et l’Inrae, le programme, qui associera d’autres acteurs de la recherche française, s’attellera à identifier les déterminants des changements de comportement alimentaire et leur contribution dans la prévention des risques de santé. Et comment les systèmes alimentaires peuvent évoluer vers des modèles plus durables. Mieux comprendre les mécanismes de symbiose entre un microbiome et son hôte humain devrait permettre d’identifier des mesures préventives et thérapeutiques personnalisées permettant de réduire le poids des maladies chroniques liées au microbiome.
Comme le veut le plan France 2030, l’objectif est aussi de transférer ces savoirs et de proposer des politiques publiques. « En fournissant des outils innovants d’aide à la conception et à l’évaluation des politiques publiques, le programme se positionnera comme un atout majeur pour la prévention et le traitement des maladies inflammatoires chroniques liées aux microbiomes grâce au développement d’une médecine personnalisée », exprime quant à lui le Pr Didier Samuel, PDF de l’Inserm.
Alimentation, microbiote et Mici : de nouveaux liens à trouver ?
Si le microbiote est impliqué dans de nombreuses pathologies chroniques, et la littérature ne cesse d’abonder en ce sens, la connaissance des liens existants entre l’alimentation, le microbiote et les Mici s’affinent, comme le montrent les travaux du Benoît Chastaing de l’Inserm. Le scientifique a présenté, ce mardi 13 février, un état des lieux de la recherche à ce sujet à l’Académie nationale de médecine. « Ce n’est pas un événement qui va provoquer une Mici, mais un enchaînement d’événements menant à la dysbiose et ses effets négatifs sur la santé, a-t-il expliqué. Dans notre laboratoire, nous investiguons les rôles bénéfiques (polyphénols, fibres solubles) et néfastes (agents émulsifiants, régime “occidental”) de l’alimentation, et nous nous intéressons particulièrement aux agents émulsifiants qui, chez la souris, augmentent le risque et la sévérité de colite. Il faut continuer les études pour préciser tout cela, mais la littérature montre aujourd’hui que la consommation d’aliments ultratransformés est corrélée au développement des Mici, avec une variabilité liée aux différences individuelles de microbiotes. »
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein