L’utilisation de médicaments anti-acide impacte de manière négative la survie de patients atteints de cancer et traités par pazopanib (Votrient). Ils réduiraient considérablement la survie sans progression de la maladie ainsi que la survie globale, selon les résultats d'une étude française menée l'Institut Gustave Roussy (Villejuif) publiés dans Clinical Cancer Research, une revue de l'American Association for Cancer Research (AACR).
Indiqué dans les sarcomes des tissus mous et le traitement du cancer du rein, cet inhibiteur de tyrosine kinase nécessite un pH acide pour être absorbé. Des travaux antérieurs avaient déjà montré que les antiacides réduisaient le taux de pazopanib dans le sang des patients, qu’il s’agisse d’inhibiteurs de la pompe à protons ou d’anti H2 (type ranitidine). Mais cette étude est la première à objectiver l’impact négatif sur la survie des patients atteints de sarcomes de tissus mous.
8 mois sous anti-acides versus 12,6 mois de survie sans
Dans le détail, les auteurs ont analysé les données combinées deux essais cliniques ayant permis l’enregistrement du pazopanib dans le traitement des sarcomes (notamment en Europe et aux USA). Sur les 333 patients éligibles à l’analyse, 117 (35,1 %) ont reçu des médicaments anti-acide au moins une fois pendant le traitement avec le pazopanib, 59 (17,7 %) ont pris un anti-acide pendant plus de 80 % de la durée du traitement au pazopanib, et 19 (5,7 %) étaient déjà sous traitement au moment de l’initiation du pazopanib.
Au terme d'une analyse multivariée, il a été montré que les patients ayant pris un traitement anti-acide pendant au moins 80 % de la durée du traitement au pazopanib ont réduit considérablement la survie sans progression de leur cancer par rapport à ceux qui n’ont pas eu recours au traitement anti-acide (médiane de 2,8 mois contre 4,6 mois). La médiane de survie globale est aussi négativement impactée de manière significative. Elle est de 8 mois pour les patients qui ont eu recours à ces traitements anti-acide pendant au moins 80 % de la durée du traitement au pazopanib contre 12,6 mois pour ceux qui n’en ont pas pris.
Vigilance sur les possibles interactions
Les médicaments anti-sécrétoires sont très utilisés en cancérologie et concernent environ 50 % des personnes traitées. « Il est absolument primordial que les patients informent leurs oncologues de tous les médicaments qu'ils prennent pendant le traitement du cancer, y compris ceux en vente libre, et y compris les plantes médicinales, afin que de potentielles interactions médicamenteuses délétères puissent être évitées » précise le Dr Olivier Mir, oncologue médical et pharmacologue à Gustave Roussy et auteur principal de l’étude.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie