Depuis le 26 mai, un arrêté au Journal officiel autorise médecins, sages-femmes, pharmaciens et infirmiers à réaliser des Trod Covid/grippe/VRS, utilisés seuls ou en multiplex. À la suite de cette nouvelle, le syndicat « Les biologistes médicaux » et le Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH) s’affligent de la non-prise en charge des tests PCR multiplex respiratoires en médecine de ville, dans un communiqué publié le 30 mai.
Les tests multiplex de virus respiratoires existent en PCR et font partie de l’arsenal biomoléculaire le plus performant à ce jour. La sensibilité des RT-PCR se situe entre 90 et 95 % quand les Trod génèrent 45 % de faux négatifs pour les virus grippaux, une efficacité bien éloignée des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) qui demande une sensibilité minimale de 80 %. D’ailleurs, le décret mentionne la nécessité pour le corps soignant d’informer les patients des limitations des Trod et de les orienter vers un médecin pour décider de la nécessité de confirmer les résultats par PCR.
En 2020, la HAS considérait que « la recherche d’ARN des virus de la grippe n’a pas vraiment de place en ville pour des patients sans symptômes graves ». Ce n’est pas l’avis du Dr Lionel Barrand, médecin biologiste et président du syndicat « Les biologistes médicaux », qui revendique l’utilité des PCR multiplex en ville : « La PCR grippe est seulement remboursée à l’hôpital alors que sa prise en charge en médecine de ville permettrait de casser rapidement les chaînes de contamination et d’éviter d’emboliser les hôpitaux. » De plus, l’évaluation de la HAS en 2020 avait été réalisée en contexte de pic épidémique majeur qui surchargeait les personnels de laboratoire, bien différent de la situation actuelle.
Quelle influence sur la prescription d’antibiotiques et le taux d’adressage aux urgences ?
Les syndicats appellent ainsi dans leur communiqué à rembourser les tests PCR multiplex des virus respiratoires en médecine de ville comme à l’hôpital. « Cet arrêté est incohérent non seulement en vertu du rapport de la HAS mais il va aussi à l’encontre des recommandations de la Direction générale de la santé (DGS) qui préconise la PCR pour le diagnostic des virus respiratoires. » Le Dr Lionel Barrand s’indigne aussi du surcoût induit par l’absence de remboursement : la transmission obligatoire des résultats des PCR respiratoires aux acteurs de la surveillance épidémiologique implique une duplication de dossiers pour les patients ayant, par exemple, réalisé un bilan sanguin en parallèle. Cette charge de travail augmente le temps passé pour les biologistes médicaux mais aussi le reste à charge du patient pour chaque dossier supplémentaire, dans une limite de 4 euros.
Le sujet des tests diagnostiques multiplex n’est pas clos : à la suite d’une demande de la HAS, une étude académique indépendante est en préparation pour la saison hivernale prochaine. Elle servira à valider de façon prospective la sensibilité diagnostique des Trod et à la comparer aux RT-PCR. Ce travail permettra aussi d’évaluer l’impact potentiel des Trod sur la prescription d’antibiotiques et le taux d’adressage aux urgences.
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