Trois ans après les attentats et attaques terroristes de 2015 de Charlie Hebdo, du supermarché Hyper Casher, mais encore du Bataclan le 13 novembre, Santé publique France, via le BEH, publie les résultats d'enquêtes pour évaluer les conséquences de ces événements sur les victimes, leurs proches, les intervenants et de manière plus large sur la population civile. Ces enquêtes confirment la forte empreinte laissée par ces attaques sur la population française.
Gradient d'exposition
Parmi ces enquêtes, l'étude Impacts s'est focalisée sur les attentats du 7 au 9 janvier 2015. Deux groupes de personnes ont été étudiés : la première parmi la population civile fortement liée à l'événement (otages, blessés, témoins, proches, endeuillés…) ; le deuxième groupe était constitué des intervenants impliqués dans la réponse aux attentats (personnels de l'aide médicale urgente, pompiers, forces de l'ordre…). Des premiers résultats de cette enquête avaient été publiés en juin 2016. Six mois après les attentats, 18 % des civils non intervenants présentaient un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et 20 % des troubles dépressifs ou anxieux sans TSPT. Ce taux variait selon un gradient d'exposition : 3 % chez les témoins de proximité, jusqu'à 31 % chez les personnes directement menacées. Un risque suicidaire a été détecté chez 27 % des sujets. Par ailleurs, 20 % souffraient d'un trouble anxieux ou d'une dépression. « Ces chiffres sont comparables à ceux retrouvés dans la littérature », note le BEH.
Les premiers résultats de l’enquête Espa 13-Novembre montrent que huit mois après les attentats, 54 % des menacés directs et des personnes ayant perdu un proche, et 27 % des témoins présentaient un TPST probable. Près de la moitié n’avait pas engagé de traitement régulier avec un psychologue ou un médecin, une proportion plus importante pour les témoins et pour les endeuillés non exposés directement que pour les menacés directs.
Images traumatisantes
L’enquête Conditions de vie et aspirations des Français du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) témoigne d’une très forte empreinte des attentats du 13 novembre dans la société française, sept mois après leur survenue. L'étude montre une association entre le temps passé à visualiser des images liées aux attentats et la présence de symptômes de stress post-traumatique six mois après les évènements.
Mauvaise évaluation du personnel intervenant ?
Parmi la population intervenante, les enquêtes Impacts et Espa ont rapporté un taux d'ESPT de 3 % - alors que la littérature rapporte une prévalence d'environ 10 % - et 14 % de troubles anxieux. Ce pourcentage de 3 % peu élevé, surtout en comparaison avec la population civile, « peut s'expliquer par une possible inadéquation des outils psychométriques employés. En effet, ces outils ne prennent pas forcément en compte l'accumulation de stress et la répétition d'événements traumatogènes durant la vie professionnelle de cette population. Paradoxalement, la prévalence élevée (20 %) de troubles somatiques chez les intervenants suggère que l'impact des attentats a pu prendre un autre aspect. »
Pour Santé Publique France, « mieux cerner les profils des populations les plus vulnérables et sensibiliser les professionnels de santé aux conséquences du psycho-traumatisme pour une prise en charge précoce répondant aux besoins est la leçon d’aujourd’hui. Le suivi des cohortes Impacts et Espa permettra d’apprécier leur évolution dans le temps. »
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