Malgré des progrès réalisés ces dernières années, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) continuent de tuer plus de 30 000 personnes par an en France, en majorité des femmes, selon une étude publiée aujourd'hui dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire*.
D'après ce travail mené par C. Lecoffre et al., en 2013, l'AVC constituait la première cause de mortalité chez les femmes, devant le cancer du poumon, avec 18 343 décès enregistrés et la troisième cause de mortalité chez les hommes (13 003 décès) après le cancer du poumon et les causes externes (accidents, suicide).
Une baisse de la mortalité…
Globalement, le taux de mortalité par AVC a diminué d'un peu plus de 13 % entre 2008 et 2013. Cette baisse serait principalement liée à une baisse importante de la mortalité hospitalière, découlant de la structuration de la filière AVC, du développement des unités neurovasculaire (UNV) et de l’évolution des techniques médicales. De plus, "l’amélioration de la prévention tertiaire, avec le développement de la rééducation en soins de suite et de réadaptation (SSR), et l’amélioration des thérapeutiques visant à réduire le risque de récidive d’AVC et de décès, ont contribué à réduire la mortalité". Toutefois, "une marge de progression demeure, puisque moins d’un patient sur deux était hospitalisé en UNV en 2014 ".
... sauf chez les femmes jeunes et les plus de 85 ans
Autre bémol : cette baisse de la mortalité n'a pas bénéficié à tout le monde de la même façon et ne concerne ni les femmes âgées de 45 à 64 ans ni les personnes de plus de 85 ans, précise l'étude.
Selon les auteurs, l’absence de baisse de la mortalité chez les plus de 85 ans pourrait s'expliquer par des hospitalisations en UNV moins fréquentes que chez les jeunes adultes, une moindre mobilisation des ressources médicales (scanner cérébral, doppler des troncs supra-aortiques) et la hausse de l’incidence des AVC hémorragiques observée dans cette tranche d'âge.
En revanche, la non-régression de la mortalité chez les femmes jeunes, "pourrait témoigner, en partie, des augmentations importantes de l’incidence de l’AVC ischémique dans ces classes d’âge", en lien avec l’augmentation de la prévalence de facteurs de risque vasculaires et notamment du tabagisme.
De nouveaux facteurs de risque ?
De fait, selon une autre étude publiée dans le BEH, le taux d'hospitalisation pour AVC ischémiques a baissé chez les personnes les plus âgées alors qu'il a enregistré une hausse significative chez les 35 à 64 ans, pour des raisons "probablement multiples", estiment les auteurs qui citent le tabagisme et la sédentarité, mais également la consommation de cannabis, les alcoolisations ponctuelles.
"Néanmoins, l’athérome des grosses artères, résultant d’une exposition prolongée à ces facteurs, reste une cause moins fréquente d’AVC ischémique chez les jeunes que chez le sujet plus âgé, tempèrent les auteurs. D’autres facteurs de risque plus récemment décrits comme l’utilisation de certaines drogues récréatives (cocaïne…) ou la pollution de l’air, pourraient également être impliqués". Selon l'étude, près de 25 % des AVC surviennent chez des personnes de moins de 65 ans qui, dans 30 % à 50 % des cas, ne sont ensuite pas en mesure de reprendre leur activité professionnelle.
Disparités régionales
Les deux études relèvent également l'existence d'importantes disparités régionales, avec des taux de mortalité et d'hospitalisations plus importants dans les départements ultramarins (notamment à la Réunion et en Guyane) et pour la métropole, dans les régions Hauts-de-France et Bretagne.
Devant ce bilan en demi-teinte, les auteurs des deux études plaident pour une meilleure prévention des AVC "avec la poursuite, voire l’intensification, des campagnes de prévention de l’hypertension artérielle, du tabagisme et de la sédentarité, de promotion d’une alimentation favorable à la santé". Par ailleurs, "la rapidité de prise en charge étant un élément essentiel pour limiter le risque de décès, les campagnes de sensibilisation aux premiers signes de reconnaissance de l’AVC doivent être répétées et des progrès sont encore nécessaires pour permettre au maximum de patients victimes d’un AVC de bénéficier d’une prise en charge précoce".
*BEH °5, 21 février 2017
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