Les défibrillateurs automatiques à usage extérieur ont pour intérêt de sauver des vies. Mais ils ne remplissent pas leur mission si la population n’a suivi aucune formation de secourisme de base. D’après des travaux français présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui se tient à Rome, les programmes d’accès par le public à la défibrillation sont inégalement répartis dans l’hexagone. Ces observations auraient un impact sur le taux de survie des arrêts cardiaques survenant hors du milieu hospitalier.
Le Dr Eloi Marijon, cardiologue à l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris a coordonné cette étude prospective, réalisée au niveau national sur une période de 5 ans. En tout, 51 régions de France ont été passées au crible. Le but était d’évaluer les deux composants essentiels du programme : la distribution des défibrillateurs sur ces territoires et la proportion des personnes initiées au secourisme au moins une fois durant les 5 ans d’analyse.
« On ne s’attendait pas à de telles différences »
Les chercheurs ont découvert d’importantes disparités selon les localités. En effet, le nombre de personnes affranchies varie de 6 955 à 36 636 pour 100 000 habitants et la quantité de défibrillateurs accessibles passe de 5 à 3 399 pour 100 000 habitants sur une surface de 1 000 km2. Seulement 35,3 % des zones observées ont développé un programme « significatif ». Pour les auteurs, cela signifie qu’à ces endroits, le nombre de défibrillateurs et de personnes formées dépasse la médiane, soit plus de 22 appareils disponibles et plus de 13 866 personnes qualifiées pour 100 000 habitants.
« On ne s’attendait pas à de telles différences », annonce le Dr Karam, cardiologue à l’hôpital Georges Pompidou. 37,2 % des zones analysées n’ont pas investi efficacement dans ces deux objectifs ou se sont juste concentrées sur l’un d’entre eux. Aucune corrélation n’a été trouvée entre l’éducation de la population et la mise en place des appareils alors qu’il s’agit d’une stratégie globale pour déployer des programmes complets d’accès au public. De même, les médecins n’ont pas remarqué d’association au niveau national et local pour mieux éduquer les Français. Ce qui démontre une collaboration minimale entre ces deux pôles de décision. « Si on pouvait s’attendre à un investissement local plus important dans certaines régions pour compenser une aide nationale minime, ce n’est pas le cas », ajoute le Dr Karam.
Former au secourisme doit tenir à coeur
Les divergences majeures du taux de survie en cas d’arrêt cardiaque ne sont, en revanche, pas une surprise. Selon les zones examinées, il varie entre 0 à 43,8 %. Bien sûr, ce taux s’accroît avec la mise en place des programmes d’accès. Mais il est surtout fortement lié à la proportion de personnes initiées aux pratiques de secours.
Ce pourcentage de survie reste néanmoins très faible. Or, « l’importance de la prise en charge dans les premières minutes qui suivent l’arrêt cardiaque est connue », surenchérit le Dr Karam. L’étude prouve surtout que de distribuer des défibrillateurs sur le territoire n’apportera pas des bénéfices suffisants si la population n’est pas initiée à leur utilisation.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie