«Avant de vous tuer, le tabac va vous asphyxier ! » Tel est le slogan de la nouvelle campagne organisée par la Fédération française de pneumologie mise en place à l’occasion de la Journée mondiale de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), dont la cause principale reste la consommation de tabac.
Bien que méconnue, cette maladie concerne 7,5 % des Français de 40 ans et plus, ce qui représente entre 2,5 et 3 millions d’individus. Malgré cette forte prévalence et des conséquences potentiellement graves, 2/3 des patients qui en souffrent ignorent qu’ils sont touchés.
Vapoter ou fumer : choisir le moindre mal
La grande majorité des personnes touchées par la BPCO sont d’ex-fumeurs. L’e-cigarette est aujourd’hui une alternative utilisée comme moyen de sevrage tabagique. Or, comme le montre un travail récent, elle ne semble pas non plus sans danger. En septembre, une étude publiée dans Thorax (une revue associée au BMJ), suggère que l’e-cigarette, si elle contient de la nicotine, peut provoquer des perturbations biologiques similaires à celles que l’on observe chez les individus atteints de BPCO.
Les scientifiques du centre médical de Brooklyn ont étudié les effets des fluides de la cigarette électronique avec ou sans nicotine chez des souris et dans des cellules de l’épithélium pulmonaire humaines.
Les résultats montrent que les fluides de l’e-cigarette miment les symptômes d’une BPCO (expression de cytokines, hyperréactivité des voies respiratoires, destruction des tissus pulmonaires), mais uniquement s’ils sont alliés à la nicotine.
Ces recherches sont donc les premières à constater que la nicotine, en plus de ses propriétés addictives, peut avoir un impact sur la santé respiratoire. Ce résultat est très important sachant que la plupart des vapoteurs ont recours à la nicotine. En outre, ils sont aussi nombreux à choisir certains arômes, qui, eux, n’ont pas été testés. « L’e-cigarette n’est donc pas anodine, affirme le Pr Thierry Chinet (pneumologue, hôpital Ambroise-Paré, Boulogne), qui ajoute : Elle a une certaine toxicité et il est important d’en informer les jeunes ».
Les adolescents sont ceux chez qui l’emploi de l’e-cigarette génère le plus d’inquiétude. Une autre étude publiée en novembre dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, réalisée chez près de 3 000 adolescents californiens, a démontré un lien entre l’utilisation de l’e-cigarette et la présence de symptômes de bronchite chronique.
En revanche, aucune association n’a été trouvée entre le fait de vapoter et le wheezing. Pourtant, même si ces travaux appellent à la prudence face à la généralisation de l’e-cigarette, « il reste préférable de vapoter que de fumer des cigarettes classiques », conclut le Pr Chinet.
Un capital bien entamé
En parallèle, le concept de capital pulmonaire émerge avec la prise de conscience des dommages causés par la pollution atmosphérique. Des recherches ont montré une corrélation entre circulation routière et altération des fonctions respiratoires. En octobre, une méta-analyse britannique publiée dans American Thoracic Society évoque un lien entre BPCO et pollution (surtout au monoxyde de carbone), même si les taux observés restaient bien en dessous de ceux préconisés par l’OMS.
Ce constat est pourtant loin d’être récent. à la suite de l’épisode de smog à Londres, en 1952, les scientifiques avaient relevé une hausse des cas d’asthme de 20 % chez les moins de 15 ans et de 10 % chez ceux plus âgés.
BPCO : quelle influence sur la qualité de vie ?
Une fois atteints par la BPCO, les patients voient leur qualité de vie se dégrader sévèrement, ce qui engendre des conséquences sociales et psychologiques.
Une étude concernant le retentissement de la bronchopneumopathie obstructive sur la qualité de vie des patients atteints a été menée par l’Association BPCO. Ses résultats ont été exposés à l’occasion des 9es Rencontres de cette association, créée en juin 2003 par des pneumologues hospitaliers et libéraux et qui compte plus de 2 500 adhérents.
Il va de soi que le retentissement de cette maladie sur la vie quotidienne est important, puisque 93 % des patients déclarent rencontrer des difficultés dans leurs activités courantes : s’habiller, mettre ses chaussures, dormir, prendre une douche. De plus, 74 % des malades pensent qu’il est difficile de grimper plus de deux étages. Pour 38 % d’entre eux, même le fait de rester debout est un problème. De plus, la maladie retentit sur la vie sociale, puisque 23 % d’entre eux ont vu leurs relations amicales se dégrader.
À côté du retentissement physique, et de celui sur la vie sociale, le psychisme est aussi atteint chez les malades touchés par la BPCO. D’après l’enquête, la tristesse est en effet éprouvée par un patient sur dix, tandis que 7 % conçoivent de la colère et 12 % de l’anxiété liée à la peur de l’avenir. L’acceptation de leur maladie est particulièrement difficile. Elle passe en effet par les différents stades du deuil : le déni, la colère, l’expression, la dépression et enfin l’acceptation. Mais tous n’arrivent pas à ce stade ultime puisque 68 % des patients atteints de BPCO n’acceptent pas leur maladie.
Face à la dure réalité de la pathologie, l’enquête révèle aussi que les malades souhaitent être accompagnés dans leur épreuve, et 61 % bénéficient du soutien d’un membre de leur famille, mais seulement 40 % pour les patients en BPCO sévère (stade 3). Et ce soutien fait globalement défaut pour 27 % des sondés. Les malades au stade 3 ou 4 de la pathologie trouvent même leurs proches moralisateurs.
Une forte demande d’accompagnement
Devant ce manque de soutien familial, un accompagnement professionnel est désiré. Ainsi 45 % des patients interrogés et 54 % de ceux qui vivent seuls souhaiteraient être d’abord accompagnés par un professionnel de santé, qu’il soit médecin ou infirmier. Pour 19 % d’entre eux, un accompagnement social et médical adapté est nécessaire. Ils demandent notamment qu’il y ait davantage de centres de réhabilitation respiratoire, plus d’associations pour échanger, discuter.
L’enquête révèle aussi que les personnes interrogées désirent des mesures pour améliorer leur vie quotidienne. 71 % d’entre elles considèrent ainsi que les assurances maladie obligatoires devraient prendre en charge les activités physiques recommandées pour leur pathologie.
Quant à leur vie professionnelle, la maladie la rend difficile. Seuls 17 % des patients interrogés dans l’enquête ont pu aménager leurs horaires de travail et 33 % ont dû arrêter de travailler. Au travail, les conséquences sont aussi psychologiques, puisque, comme dans d’autres maladies chroniques, les patients éprouvent souvent de la honte et éprouvent une véritable terreur de ce que pensent les autres.
Un défaut de communication officielle
L’enquête montre aussi que devant cette détérioration de leur existence, la moitié des personnes interrogées pensent que les autorités sanitaires devraient communiquer pour faire reconnaître la maladie, afin de rompre l’isolement des malades, favoriser la prévention, le repérage et la pédagogie. Le président de l’association BPCO, Frédéric Guillou, regrette « que la BPCO soit le parent pauvre des maladies chroniques : trop peu connue et difficile à faire connaître ».
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein