Une immunothérapie associant nivolumab (Nivo) et ipilimumab (IPI) en traitement de première intention chez les patients atteints de cancer colorectal métastatique avec une instabilité des microsatellites élevée réduit de 79 % le risque de progression de la maladie ou de décès par rapport au traitement standard de chimiothérapie, selon une étude européenne dirigée par le Pr Thierry André de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP).
Les auteurs de l’essai de phase 3 Check Mate 8HW, investiguant la double immunothérapie dans le traitement de ce type de cancers colorectaux, ont présenté leurs résultats à l’Asco GI 2024 avec une publication dans le Journal of Clinical Oncology.
Cette association avait déjà fait l’objet de l’étude non comparative Checkmate 142 dont les résultats encourageants avait conduit à une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte en France en 2021. Les auteurs des deux études, Checkmate 142 et Checkmate 8HW, se sont intéressés aux cancers colorectaux métastatiques avec un statut MSI-H/dMMR correspondant, soit à une instabilité des microsatellites (MSI-H), soit à un déficit dMMR, ces deux anomalies menant à des taux de mutation élevés. Ces mutations sont à l’origine d’une néo-antigenèse sur les cellules tumorales qui est prédictive de la réponse à l’immunothérapie.
79 % de réduction du risque de progression pour l’association
L’étude Checkmate 8HW s’organise en deux temps : comparaison du traitement Nivo + IPI versus chimiothérapie ± bevacizumab ou cetuximab*, puis comparaison du traitement Nivo + IPI versus Nivo seul. Seuls sont connus pour le moment les résultats du premier objectif.
Parmi les 839 participants des deux comparaisons (patients de plus de 18 ans avec un cancer colorectal MSI-H/dMMR récurrent ou métastatique non traités auparavant), 303 ont été retenus dans la première comparaison : au final après randomisation ils sont 171 dans le bras Nivo + IPI et 84 dans le bras chimiothérapie ± bevacizumab ou cetuximab. Les auteurs ont ainsi retrouvé, sur un suivi médian de 24,3 mois, une meilleure survie sans progression à 2 ans pour l’association Nivo + IPI versus la chimiothérapie (72 versus 14 %, HR = 0,21) ; et concluent à une réduction du risque de progression de 79 % avec l’association par rapport à la chimiothérapie, observée à partir de trois mois de traitement environ dans les deux bras sans dépasser 2 ans de traitement dans le groupe association. De plus, les effets secondaires de grade 3 ou 4 étaient moins fréquents dans le bras Nivo + IPI. Les traitements étaient arrêtés en cas de progression de la maladie ou toxicité inacceptable.
Le profil de sécurité de l'association nivolumab-ipilimumab était différent de celui de la chimiothérapie, avec moins d'effets indésirables de grade 3/4 liés au traitement pour le bras immunothérapie (23 % versus 48 %).
« Les résultats impressionnants de cette combinaison thérapeutique dans l'étude Checkmate 8HW devraient changer la pratique pour les patients atteints de cancers colorectaux métastatiques MSI-H/dMMR en première de ligne de traitement. Le nivolumab associé à l'ipilimumab doit représenter une option de soins standard dans ce contexte […] », commente le Pr Thierry André, premier auteur de l’étude.
*le schéma de dose pour l’association était le suivant : Nivo (240 mg) + IPI (1 mg/kg) sur 3 semaines puis Nivo (480 mg) à la semaine 4.
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