J'EXPLIQUE
› L’insuline est une hormone hypoglycémiante sécrétée par les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas. Elle favorise l'entrée du glucose dans les tissus et permet de réguler finement la glycémie et de contrôler les paramètres lipidiques, en agissant sur trois cibles majeures : le muscle, le foie et le tissu adipeux.
- En période post-prandiale, l'élévation du taux d'insuline sous l'effet de l'élévation de la glycémie augmente la captation et le stockage du glucose par les muscles et diminue la production hépatique de glucose. Lors du jeûne, notamment la nuit, le taux d'insuline diminue, afin que le glucose puisse être libéré (sous forme de glycogène, sous l'effet du glucagon) pour éviter une hypoglycémie et permettre le fonctionnement normal des tissus.
- Au niveau du tissu adipeux, elle favorise l'entrée du glucose et le stockage des lipides ingérés, stimule la synthèse des triglycérides à partir du glucose et des acides gras, et inhibe la lipolyse et la libération d'acides gras par le tissu adipeux.
- Enfin, elle stimule la synthèse des protéines musculaires et en réduit le catabolisme.
› La forme commune du diabète de type 2 résulte d'un processus en deux temps. La 1ère phase est celle de l'insulinorésistance, souvent consécutive à la sédentarité, l'excès d'apports caloriques et l'excès d'adiposité abdominale, et qui précède de plusieurs années l'apparition du diabète. Des facteurs génétiques interviennent également, notamment sur la plus ou moins grande susceptibilité à développer un excès pondéral dans une situation nutritionnelle donnée (1).
L'insulinorésistance correspond à la réduction de l'action de l'insuline sur les tissus cibles (fig 1). Avec comme conséquences une plus faible utilisation du glucose par le muscle, un accroissement de la production de glucose par le foie lors des périodes de jeune, à l'origine de l'hyperglycémie à jeun, et une libération par le tissu adipeux d'acides gras libres dans la circulation. En réaction, et en l'absence d'insulinopénie préexistante ou de prédisposition génétique à un diabète de type 2, les cellules bêta augmentent leur production d'insuline afin de maintenir une glycémie normale (hyperinsulinisme), et il n'y a pas de diabète. Cette situation peut perdurer plusieurs années (au moins 10 ans), au cours desquelles l'obésité abdominale s'aggrave (2).
› Secondairement, ce mécanisme de compensation de l'insulinorésistance par la cellule bêta devient défaillant, induisant une réduction de l'insulinosécrétion, alors que l'insulinorésistance persiste. La glycémie s'élève et le patient devient hyperglycémique, donc diabétique. Au fil du temps, l'insulinopénie s'aggrave en raison des effets sur les cellules bêta de l'hyperglycémie (glucotoxicité) et de l'hypertriglycéridémie (lipotoxicité), jusqu'à l'apparition d'une insulinopénie sévère et au tarissement de la sécrétion.
JE CONSEILLE
› C’est le phénotype androïde de l'obésité ou du surpoids qui est associé à l'insulinorésistance. Le tour de taille augmente parallèlement à l'accumulation de tissu adipeux intra-abdominal et à ce titre, reflète l'insulinorésistance. L'obésité abdominale se définit par un périmètre abdominal › 102 cm chez l’homme et 88 cm chez la femme (3). L'IMC (poids en kg / taille2) échoue à cet égard, car il ne préjuge pas de la répartition des graisses dans le corps. Les patients diabétiques sont cependant fréquemment en surpoids (IMC ≥ 25 kg/m2) ou obèses (IMC ≥ 30 kg/m2).
› Une simple session d'exercice physique "aigu" augmente la sensibilité musculaire à l'insuline, aussi bien au cours de la séance que lors de la période post-exercice, et ce durant plusieurs heures. Par ailleurs, l’entraînement en endurance augmente la sensibilité à l’insuline, que ce soit chez le sujet sain ou insulino-résistant, normoglycémique ou diabétique de type 2 (réf 4 ; Inserm 2008), indépendamment d'une éventuelle réduction pondérale (4 ; 5). Cet effet s'observe 48 à 72 heures après l'arrêt de l'exercice, mais disparaît ensuite : la régularité des séances d'exercice est donc importante. Sans oublier les effets bénéfiques de l'activité physique sur la dépense énergétique et le profil lipidique et tensionnel.
JE PRESCRIS
› Il faut donc combiner les activités d'endurance et les activités de la vie quotidienne (marche, jardinage…) pour atteindre un volume de 3 heures par semaine. On recommande de consacrer 30 minutes par jour à l'activité physique.
› Les mesures diététiques, en corrigeant les erreurs alimentaires, visent à stabiliser le poids et à réduire l'obésité abdominale (réduction des glucides à indice glycémique élevé, des acides gras saturés et l'alcool).
JE RENVOIE SUR LE WEB
Fédération Française des Diabétiques. Guide "Activité physique. Les bénéfices pour mon diabète" et "Diabète et alimentation".
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