Compléments alimentaires chez les sportifs : beaucoup de risques, peu de bénéfices, selon l'ANSES

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Publié le 20/12/2016
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le dispositif national de nutrivigilance de l’Anses a recueilli 49 signalements d’effets indésirables probablement en lien avec la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs. Ce n’est pas la première fois que l’Agence dire la sonnette d’alarme sur les compléments alimentaires voyant l’engouement qu’ils suscitaient. Le système d’alerte Nutrivigilance avait déjà dressé un bilan en 2014 qui montrait que ces produits étaient loin d’être anodins. Cette fois-ci, elle attire l’attention sur les risques potentiels de l’usage de ces substances sur la santé des sportifs au vu de la consommation assez répandue dans certaines disciplines.

En effet, les compléments alimentaires sont employés chez les sportifs pour accroître le développement musculaire ou diminuer la masse grasse. Pourtant, des effets secondaires néfastes notamment d’ordre cardiovasculaire (tachycardie, arythmie et AVC) et psychiques (troubles anxieux et de l’humeur) ont pu être constatés. Suite à ces signalements, l’Anses a évalué les risques associés à l’ingestion de ces compléments et demande que les sportifs soient informés en toute connaissance de cause.

Des risques cardiovasculaires et psychiques

L’Agence enfonce donc le clou et recommande aux sportifs consommateurs d’être attentifs à l’adéquation de ces substances avec leur statut nutritionnel, leur état de santé et les objectifs visés. Elle déconseille l’usage de ces compléments chez les personnes présentant des risques cardiovasculaires ou atteints d’une cardiopathie. Il en est de même pour les enfants, les adolescents, les femmes enceintes ou allaitantes, les individus souffrant soit de troubles neuropsychiatriques, soit d’une altération rénale ou hépatique. Elle préconise d’éviter l’emploi de compléments contenant de la caféine avant et pendant une activité sportive (cela peut accroître les risques d’hyperthermie) ainsi que la consommation concomitante de plusieurs de ces substances ou de les associer à des médicaments.

En outre, un conseil personnalisé auprès d’un professionnel de santé s’avère indispensable. Il est d’ailleurs important que ceux-ci aient bénéficié d’une solide formation initiale et continue en matière de nutrition. Il est aussi nécessaire que les praticiens déclarent auprès du dispositif de l’Anses les effets indésirables pouvant être associés à la consommation de compléments alimentaires dont ils auraient eu connaissance. En parallèle, ceux qui pratiquent une activité sportive (en particulier les plus jeunes) doivent être informés des risques liés à la consommation de produits avec une activité pharmacologique et des risques sanitaires dus aux régimes amaigrissants effectués sans accompagnement médical. Ainsi, la consommation de compléments alimentaires devrait être signalée au médecin traitant.

Des compléments parfois frauduleux et peut-être inefficaces

L’Agence aussi met l’accent sur le fait que si ces substances sont prises pour améliorer les performances, cela n’exclut nullement les risques sanitaires. Par ailleurs, elle note l’absence de données scientifiques probantes sur leur efficacité. Les bénéfices de ces produits demeurent donc hypothétiques, ce qui rend l’intérêt de ces compléments nutritionnels largement discutables au vu des risques encourus. D’autre part, acheter ces substances via internet expose davantage le consommateur à des produits frauduleux ou adultérés qui pourraient conduire à des résultats positifs aux contrôles anti-dopage et induire des effets néfastes sur la santé.

Les sportifs doivent par conséquent prendre des précautions quant à la composition des compléments consommés et privilégier ceux conformes à la norme AFNOR NF 94-001 (juillet 2012). Ils doivent aussi prêter attention aux circuits d’approvisionnement et favoriser ceux qui restent les mieux contrôlés par les pouvoirs publics. Enfin, au vu de la banalisation de la consommation de ces compléments alimentaires, l’Anses demande à ces pouvoirs publics de mener une réflexion sur la pertinence de la distribution de ces produits sur les sites de la pratique sportive. 


Source : lequotidiendumedecin.fr