D’où viennent les inégalités sociales de santé entre les femmes et les hommes ?
Catherine Vidal : Il faut faire la distinction entre d'une part les différences de santé, qui sont liées au sexe biologique : les caractéristiques des mâles et des femelles au niveau des gênes, des organes, des hormones, etc. et d'autre part les inégalités de santé : celles-ci sont liées à des facteurs sociaux, culturels, économiques pour lesquels la notion de genre joue un rôle très important. Par exemple, les représentations sociales et les stéréotypes sur les maladies féminines et masculines vont influencer à la fois les attitudes des soignants et celles des patients.
Comment cela se répercute-t-il sur la prise en charge médicale et l’accès aux soins ?
C.V. : Un exemple typique est l’infarctus du myocarde, longtemps considéré comme une maladie d’homme stressé au travail dans la cinquantaine. En conséquence, l'infarctus est resté sous-diagnostiqué chez les femmes, et les patientes elles-mêmes en minimisaient les symptômes. Un autre facteur majeur d'inégalité de santé est la précarité économique qui touche particulièrement les femmes, avec un renoncement aux soins et une dégradation de l’hygiène de vie : malbouffe, sédentarité, etc. Il faut aussi prendre en compte les violences et les agressions sexuelles dont les femmes sont les premières victimes.
Dans leurs pratiques, comment les généralistes peuvent agir ?
C.V. : Il est important de sensibiliser les personnels de santé à prendre en compte la dimension du genre, alliée à celle du sexe, dans les pratiques médicales et paramédicales.
Un gros travail de formation doit être fait, tant dans la formation initiale que dans la formation continue. Les programmes de formation doivent intégrer le dépistage systématique des violences, un sujet intime qui demande une approche particulière. Les médecins sont souvent les premiers à accueillir les femmes victimes de violences. Ils doivent aussi savoir où orienter les patientes.
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