Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont souvent considérées comme des pathologies du jeune adulte. Pourtant, « 15 à 20 % débutent à l’âge pédiatrique » a rappelé le Pr Franck Ruemmele (hôpital Necker-Enfants Malades, Paris) lors des journées francophones d’hépatogastroentérologie et d’oncologie digestive (Paris, 21-24 mars 2013).
Même si les pré-adolescents et les adolescents sont les plus affectés, ces formes pédiatriques touchent des enfants de tout âge avec de plus en plus de cas rapportés chez de très jeunes patients « voire même avant l’âge de 2 ans » commente le Pr Jean Pierre Chouraqui, Président du Groupe Francophone d'Hépato-Gastroentérologie et Nutrition Pédiatriques (GFHGNP).
+ 70% en vingt ans
L’apparition de ces formes précoces va de pair avec une augmentation plus globale de l’incidence des MICI de l’enfant. Le registre Epimad qui recense tous les nouveaux cas diagnostiqués dans la région Nord, met en évidence un accroissement de 71 % de l’incidence de ces maladies dans la tranche d’âge des 10–19 ans entre 1988 et 2007.
Les raisons de cette augmentation sont encore mal connues. Des facteurs environnementaux – en grande partie non identifiés – semblent jouer un rôle important. « Des modifications du système immunitaire en rapport avec l’amélioration des conditions d’hygiènes pourraient intervenir (théorie hygiénistes) » précise le Pr Chouraqui, de même que des modifications de la flore intestinales.
Le retard de croissance, un signe d’alerte.
Chez l’enfant, la maladie de Crohn représente environ 80 à 90 % des MICI diagnostiqués avec un tableau clinique volontiers atypique. « Le début est très souvent insidieux, progressif et trompeur » résume le Pr Ruemmele. Douleurs abdominales et diarrhée non sanglante peuvent être au premier plan, « soit deux symptômes très fréquents chez l’enfant et peu spécifiques, ce qui explique les retards diagnostics ».
Un retard de croissance staturopondérale est aussi retrouvé dans la majorité des cas et « peut même être l’unique manifestation de la maladie pendant plusieurs mois voire plusieurs années ». Dans une étude conduite auprès de 50 enfants et adolescents atteints de Crohn, un ralentissement de la vitesse de croissance staturopondérale (VCS) était observé chez 46 % des sujets avant l’apparition d’autres symptômes et chez 88 % au moment du diagnostic.
D’où l’importance des courbes de croissance. « Devant des douleurs abdominales récurrentes de l`enfant il faut faire la courbe de croissance avant d’aller plus loin insiste le Pr Chouraqui . S’il n’y a pas de cassure ni de signes généraux, on peut se donner du temps. En revanche, si la courbe de poids est impactée ce n’est pas une douleur fonctionnelle et des explorations deviennent nécessaires » …
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