La mortalité néonatale (entre 0 et 28 jours) est plus élevée en France que dans la plupart des pays européens. « Ce taux de 2,4/ 1000 naissances reste stable depuis le début des années 2 000, alors qu’il est en baisse dans l’ensemble des pays européens avec une diminution globale de 14 % entre 2010 et 2015 », a expliqué Béatrice Blondel, spécialiste en épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique (Université de Paris, Inserm), lors d’une conférence de presse organisée par Collège National des gynécologues obstétriciens français (CNGOF).
Si l'on prend en compte la mortalité chez les bébés nés à partir de 24 semaines, en France, ce taux est de 2,1/1000 naissances, ce qui nous place au 23e rang des pays européens, loin derrière la Finlande ou la Norvège (1,2/1000), et juste devant la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie, la Pologne.
Des pistes mais aucune cause identifiée
Le fait inquiétant est qu’aujourd’hui on ne connaît pas les raisons de cette mortalité néonatale élevée. Différentes pistes peuvent être évoquées, comme l’organisation et la qualité des soins dans les services hospitaliers. La pénurie d’obstétriciens, de pédiatres, d'anesthésistes, mais aussi le recours fréquent à des soignants intérimaires ou employés pour des très courtes durées seraient-elles en cause ? Le raccourcissement de la durée de séjour en maternité après la naissance aurait-il un effet sur cette mortalité ? On ne le sait pas. Une chose est certaine : des études ont montré que de fermer des petites maternités et les regrouper en une seule (souvent plus éloignée) n’a pas d’impact sur la mortalité néonatale.
Une autre hypothèse de cette mortalité élevée est liée à la prise en charge des très grands prématurés (avant 26 semaines d’âge gestationnel) avec des risques élevés de mortalité néonatale.
Une autre piste pourrait aussi être liée à certains facteurs de risque. Un exemple : en France, 16,3 % des femmes déclarent fumer durant leur grossesse. Ce taux est important comparé à ceux des autres pays (20e rang sur 22 pays disposant de statistiques).
Un travail d’investigations est indispensable
Beaucoup de zones d’ombre persistent, et aujourd’hui un véritable travail d’investigations est nécessaire pour avoir des réponses, « comme l’ont fait l’Angleterre, le Pays-de-Galle et les Pays-Bas qui ont pu ainsi faire baisser la mortalité néonatale », explique Béatrice Blondel.
Ainsi, il est aujourd’hui indispensable de développer l’analyse des statistiques existantes sur la mortalité néonatale et ses facteurs de risque ; réaliser des audits pour identifier des causes évitables ; et faire des propositions d’actions auprès des services publics et des organisations professionnelles.
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