Les nouvelles données du Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors Study (GBD) 2021 ont donné lieu à deux études publiées conjointement dans le Lancet et signées par l’Institute for Health Metrics and Evaluation. Alors que l’une a identifié et analysé 88 facteurs de risque de santé de 204 pays entre 1990 et 2021, l’autre s’intéresse au fardeau de la maladie sur la population mondiale entre 2022 et 2050 et propose des scénarios d’évolution en fonction de différentes mesures de santé publique. Ces études bénéficient du financement de la Fondation Bill et Melinda Gates.
HTA, hyperglycémie, LDL cholestérol, tabagisme, particules fines…
Les dernières données du GBD confirment le déplacement du fardeau de morbidité et des facteurs de risques associés des maladies transmissibles vers les maladies non transmissibles. Un changement expliqué, d’une part par le vieillissement de la population, de l’autre par l’évolution des modes de vie. Ainsi, en 30 ans, l’étude sur les facteurs de risque montre que l’hypertension artérielle (HTA), l’hyperglycémie, l’indice élevé de masse corporelle (IMC), le taux élevé de LDL cholestérol ou encore le dysfonctionnement rénal ont gagné du terrain au sein de la population mondiale, et notamment chez les 15-49 ans.
Au global, c’est la pollution aux particules qui est le facteur de risque majeur du fardeau maladie en 2021 (8 % des années de vie ajustées sur l’incapacité), suivie par l’HTA (7,8 %) ou encore le tabagisme (5,7 %), le petit poids à la naissance et la gestation courte (5,6 %) - bien que les progrès réalisés en matière de santé périnatale (notamment en matière d’hygiène et accès à l’eau potable) aient permis de réduire la charge morbide entre 2000 et 2021.
L’analyse des données montre ainsi une augmentation de 49,4 % des années de vie ajustées sur l’incapacité dans le monde entre 2000 et 2021 à cause des maladies liées au métabolisme.
D’ici à 2050, l’espérance de vie pourrait augmenter de 4,5 ans
Si les données des dernières années montrent une inexorable augmentation de ces facteurs de risques qui constitueront la charge morbide des décennies à venir, les auteurs insistent sur le rôle des politiques de santé publique pour la limiter.
Ils estiment, selon leur scénario de référence, que l’espérance de vie passera de 73,6 ans en 2022 à 78,1 ans en 2050, avec un gain de 4,9 ans pour les hommes et 4,2 ans pour les femmes ; la plus grande progression sera réalisée par les pays à l’espérance de vie actuellement plus courte. L’espérance de vie en bonne santé passerait, elle, de 64,8 ans en 2022 à 67,4 ans en 2050 : la population vivra certes plus longtemps, mais en mauvaise santé, notamment les plus précaires. De plus, en 2050, les causes majeures d’années de vie ajustées sur l’incapacité seraient les maladies cardiaques ischémiques, les accidents vasculaires cérébraux, les diabètes et les bronchopneumopathies obstructives chroniques, tandis qu’en 2022 la palme revenait aux maladies cardiaques ischémiques, aux troubles néonataux, aux accidents vasculaires cérébraux et aux infections des voies respiratoires basses.
Enfin, parmi les scénarios proposés, celui consistant en « l’amélioration des risques comportementaux et métaboliques », permettrait une réduction de 13,3 % de la charge de morbidité en 2050 par rapport au scénario de référence. « Nous avons devant nous d'immenses possibilités d'influencer l'avenir de la santé mondiale en prenant de l'avance sur ces facteurs de risque métaboliques et alimentaires croissants, en particulier ceux qui sont liés à des facteurs comportementaux et de mode de vie tels que l'hyperglycémie, l'indice de masse corporelle élevé et l'hypertension artérielle » conclut le Dr Christopher Murray de l’IHME dans un communiqué.
La France suit la tendance
La France quant à elle observe les mêmes tendances et évolutions entre 1990 et 2022 que l’ensemble de l’Europe de l’Ouest. Ainsi, les variations pour cette région sont légères entre 2000 et 2021 et restent dans les tranches basses du risque attribuable. Sur ces deux décennies, la France présente des diminutions des taux de risque attribuable avec un taux < 670/100 000 habitants en matière de dénutrition infantile et maternelle, et de pollution de l’air ; un taux compris entre 670 et 1 546/100 000 pour l’HTA, entre 1 546 et 2 410/100 000 pour le tabac, et entre 670 et 1 546/100 000 pour les risques liés à l’alimentation.
Concernant l’espérance de vie, le scénario de référence montre une augmentation de l’espérance de vie passant de 85,9 à 87,2 ans entre 2022 et 2050 pour les femmes, et de 80,3 ans à 82,6 ans pour les hommes ; avec entre 47 et 53 % d’années avec un handicap parmi les années ajustées sur l’incapacité. Le fardeau de morbidité de l’Europe de l’Ouest sera porté par les maladies cardiovasculaires et les infections respiratoires, dont la tuberculose.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein