La ministre de la Santé a déclenché jeudi soir le plan ORSAN face à l’ampleur prise par l’épidémie de grippe, la plus importante de ces cinq dernières années. Le plan Orsan prévoit notamment la mobilisation du secteur ambulatoire (médecine libérale), afin que l'hospitalisation soit réservée aux situations d'urgences, et des déprogrammations d'opérations non-urgentes dans les hôpitaux. "Concrètement il s'agit que les ARS soient attentives à ce qui se passe sur les territoires, que les hôpitaux s'organisent, soit avec des ouvertures de lits, soit avec la réorganisation des services pour accueillir les personnes malades de la grippe" a déclaré vendredi Marisol Touraine, en visitant une maison de santé dans le Val d'Oise.
Le plan Orsan est déclenché alors que les urgentistes dénoncent une "situation sanitaire critique" dans les hôpitaux avec une saturation comparable à celle de l'été caniculaire de 2003. Pour Patrick Pelloux, le président de l'Amuf, la situation a été mal anticipée par les pouvoirs publics qui auraient dû réagir une semaine plus tôt. La Direction générale de la santé (DGS) a reconnu pour sa part, mercredi, que des "tensions" étaient observées depuis janvier dans "certains" hôpitaux en raison de l'épidémie de grippe qui a débuté à la mi-janvier, couplée à "l'augmentation des autres pathologies hivernales".
De fait, le contexte épidémique semble assez exceptionnel : "On n'avait pas vu d'épidémie aussi importante depuis la pandémie de 2009/2010" relève l'épidémiologiste Isabelle Bonmarin, chargée de la surveillance de la grippe à l'Institut de veille sanitaire (InVS) qui fait état d'un nombre élevé d'hospitalisations "chez les personnes à risques comme les personnes âgées qui ont souvent d'autres pathologies". Selon les dernières statistiques diffusées par l'InVS, la grippe a déjà touché plus de 2 millions de personnes depuis le début de l'épidémie, dont 600.000 nouveaux cas la semaine dernière. Mais des incertitudes subsistent pour savoir où en est si l'épidémie : "Nous pensons que le pic épidémique a été atteint dès la semaine dernière et qu'on a déjà amorcé la descente, mais ces données doivent encore être consolidées" souligne Isabelle Bonmarin alors que le ministère de la santé estime que le pic "n'est pas encore atteint". Pour Isabelle Bonmarin, "la virulence des virus qui circulent cette année est assez classique". Mais elle souligne également que le virus A(H3N2), le plus fréquemment observé cette saison et contre lequel le vaccin est peu efficace, "touche plus sévèrement les personnes âgées".
Le nombre des hospitalisations, notamment en réanimation, continue en revanche à augmenter "surtout chez les plus de 65 ans" selon l'InVS qui observe également un "excès de mortalité", toutes causes confondues, chez les personnes de 65 ans et plus", mais ajoute que "la part attribuable à la grippe dans ces décès n'est pas connue". La semaine dernière, 245 nouveaux cas graves de grippe ont été hospitalisés en réanimation, portant à 728 le nombre total des cas graves répertoriés depuis le 1er novembre, et dont 72 ont abouti à des décès, toujours selon l'InVS.
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