Il va falloir changer de braquet et bouger les lignes ! Car si l'objectif, établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'éliminer les hépatites virales d'ici 2030, veut être atteint, aujourd'hui il paraît indispensable de reconsidérer certaines stratégies de soins et plus précisément de dépistage. Ce sont les principales conclusions du Bulletin hebdomadaire épidémiologique (BEH) consacré à l'élimination des hépatites B, C et Delta en France.
On ne dépiste pas assez les sujets les plus à risque
Car bien que l'activité de dépistage des hépatites virales B et C augmente (avec plus 5 millions de tests pour le dépistage du VHC et du VHB en 2021, et 25 millions de personnes testées entre 2014 et 2021), celle-ci ne cible pas suffisamment les personnes les plus à risque d'avoir été infectées. Aujourd'hui les sujets les plus dépistés sont les hommes et les femmes âgés de 18 à 39 ans, « alors que les patients infectés par le VHC sont plus souvent des hommes de 40 à 59 ans et que les patients infectés par le VHB sont plus souvent des hommes de 30 à 49 ans », précise le BEH.
Depuis plusieurs années, cette question sur le dépistage fait l'objet de nombreux débats. Ainsi, l'Association française pour l'étude du foie préconise une sérologie une fois dans la vie, alors que la Haute autorité de santé préconise un dépistage en fonction de facteurs de risque.
Comme le met en avant un article du BEH, privilégier une sérologie en fonction de l'âge pourrait être une solution pertinente. Cette publication détaille les résultats d'une expérimentation faite en 2023 auprès de 500 patients de plus de 40 ans chez qui une sérologie VHC avait été systématiquement proposée dans des services d'hépato-gastro-entérologie, avant la réalisation d'une endoscopie. Le taux de sérologie positive a été de 6 %. Pour les auteurs de cet article, les résultats de ce travail sont significatifs, même s'ils demandent la réalisation d'une étude à plus grande échelle.
Les consultations médicales de prévention, notamment celles prévues à 45 ans (et 65 ans), sont une opportunité de dépistage des hépatites, « pas tant pour un dépistage systématique, que pour un questionnaire approfondi à la recherche de facteurs de risque jusque-là ignorés ou occultés par les patients et qui pourraient permettre un dépistage ciblé des virus B et C », précise le BEH.
Effort collectif
Les hépatites virales chroniques demeurent un sujet de santé publique important : « sur la période 2014-2021, le nombre total de bénéficiaires de l’ALD pour l’hépatite B chronique est passé de 23 624 en 2014 à 37 987 en 2021, soit une augmentation de 61 %. Concernant le nombre de personnes en ALD pour l’hépatite C chronique, une diminution de 14 % est observée entre 2014 et 2016 (de 87 673 personnes à 75 711), puis une stabilisation entre 2017 et 2021 (autour de 76 000) ». Aussi, « ce n'est qu'avec l'effort de tous les acteurs que nous pourrons avancer sur la voie de l'élimination des hépatites B et C à l'horizon 2030 », souligne Françoise Roudot-Thoraval, hépatologue et coordinatrice du rapport 2023 sur la prise en charge des hépatites B, C et Delta.
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