En France, 17 % des consultations et visites de médecine générale concernent l’HTA (Drees, 2004). Et par généraliste, on compte en moyenne chaque année, 15 à 20 nouveaux patients traités pour une élévation tensionnelle.
C’est dans ce contexte que le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France a publié les résultats d’une enquête portant sur certains aspects de la pratique des médecins généralistes au sujet de l’hypertension artérielle. Au total 753 généralistes affiliés au Collège de médecine générale, ont répondu à neuf questions (sous forme de QCM) portant sur le dépistage, le diagnostic et surtout la prise en charge de l’HTA.
Les résultats de cette enquête montrent que 83 % des médecins interrogés se déclarent « fortement impliqués dans la prévention de l’HTA ».
Concernant le dépistage, en cas de découverte d’une mesure de pression artérielle (PA) élevée, 93 % des praticiens indiquent prendre une nouvelle mesure quelques minutes après. Sept sur dix interrogent le patient sur les éventuels biais ayant pu impacter la mesure.
Suite à la découverte d’une PA élevée, 95 % des MG indiquent revoir le patient un mois après pour un nouveau contrôle et/ou proposent une automesure tensionnelle (AMT) ou une mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA). 85 % des généralistes disent proposer une de ces deux mesures, avec une forte disparité selon les régions (96,5 % en Bretagne, 76,8 % en Ile-de-France).
Traitement en première intention : 1 médecin sur 2 associe antihypertenseur et changement des habitudes de vie
Au sujet de la prise en charge des patients souffrant d’hypertension, 96 % des praticiens présentent en première intention des modifications des habitudes vie (associées à un traitement médicamenteux dans 52 % des cas). Près de 3 % des généralistes proposent uniquement en première intention la prise d’un antihypertenseur.
Les médicaments antihypertenseurs mal perçus par les patients
Ce qu’indique particulièrement cette enquête sont les réserves émises par les patients au sujet de leur traitement médicamenteux. La plus importante porte sur la nécessité du traitement à vie (78 %), sur l’impression du patient de ne pas se sentir malade (51 %), sur la mauvaise perception des risques liés à l’HTA (35 %), et sur la mauvaise tolérance des médicaments anti-hypertenseurs (20 %).
Aux dires des médecins, l’observance des traitements constitue une vraie préoccupation. Elle est évaluée en interrogeant les patients (pour la moitié des généralistes) ou via le renouvellement des ordonnances (pour 4 médecins sur 10).
La mauvaise prise en charge de l’HTA en France
En 2018, l’étude Esteban conduite par Santé publique France avait souligné de manière globale la mauvaise prise en charge de l’HTA en France. Près d’un patient hypertendu sur deux n’avait pas connaissance de son hypertension. Pourtant, les résultats de l’enquête effectuée auprès des médecins montrent que les généralistes interrogés (il s’agit de déclarations !) sont en accord avec les recommandations de la HAS, indiquent les auteurs de l’article du BEH. Pour expliquer les méconnaissances objectivées dans l’étude Esteban, des hypothèses sont avancées : un faible recours aux soins par certaines personnes éloignées des systèmes de dépistage, les nombreux biais possibles dans les mesures de la pression artérielle, comme une « HTA masquée » au moment où le généraliste mesure la tension.
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