Au début du XIXe siècle, la mesure tensionnelle faisait ses premiers pas avec l’apparition de l’hémodynamomètre. Près de 200 ans plus tard, la Société française d’HTA (SFHTA) vient d’émettre de nouvelles recommandations qui bousculent les vieilles habitudes.
La fin des tensiomètres manuels
Présenté lors du congrès annuel de la SFHTA (Paris, 14-15 décembre), ce texte enterre définitivement les appareils de mesure auscultatoire classiques au profit des tensiomètres électroniques, « sauf en cas de doute sur la fiabilité de la mesure électronique (arythmie, prééclampsie, enfant) ».
Les tensiomètres avec brassard huméral sont à privilégier, en choisissant un modèle ayant obtenu le marquage CE et validé de manière métrologique.
Par ailleurs, « le groupe de travail a décidé de pousser l’auto-mesure », souligne le Dr Thierry Denolle, président de la SFHTA et co-signataire des recommandations. Déjà fortement encouragée pour le diagnostic, la prise de tension à domicile est désormais préconisée pour le suivi des patients et la titration des médicaments. Cela « même si nous n’avons pas encore toutes les études permettant d’affirmer que cette stratégie fait mieux en termes pronostiques qu’un suivi classique », reconnaît le Dr Denolle.
Pour « des raisons pratiques », l’auto-mesure sera préférée à la MAPA, stipulent les recos, « sauf indications spécifiques ».
Ainsi, « tous nos hypertendus doivent désormais avoir un appareil de mesure de la PA et prendre l’habitude de venir systématiquement en consultation avec le résultat de leur auto-mesure. C’est une révolution », insiste le Dr Denolle. À ce titre, la SFHTA défend d’ailleurs le remboursement d’un appareil d’auto-mesure tous les cinq ans pour chaque hypertendu.
Un consensus d’expert dédié aux femmes
Autre reco forte de ce congrès, celle intitulée “HTA, hormone et femmes”. Alors que l’étude Esteban publiée en avril met en exergue une dégradation de la situation des femmes hypertendues, « les spécificités féminines concernant le risque d’HTA et le débat quant aux bénéfices/risques du traitement hormonal de la ménopause (THM) chez les patientes ménopausées hypertendues nous ont conduits à proposer un consensus d’expert sur ce sujet », expliquent les auteurs.
Le texte met l’accent sur le dépistage, préconisé idéalement « à chaque consultation médicale et obligatoirement au moment de la prescription d’une contraception ou d’un THM ». « Des signes non spécifiques doivent nous alerter, comme les maux de tête, des difficultés de concentration, des vertiges, une fatigue chronique, etc. », insiste le Pr Claire Mounier-Véhier, coordinatrice de ce consensus et présidente de la Fédération française de cardiologie. De façon classique, l'HTA en consultation est définie par une pression artérielle supérieure à 140/90 mmHg.
« Ce qui est nouveau en revanche, c’est l’évaluation du risque cardiovasculaire (CV) chez la femme », souligne le Pr Mounier-Véhier. Les auteurs proposent en effet une nouvelle stratification, qui tient compte des critères habituels mais intègre en sus des éléments plus spécifiques au sexe féminin, tels le stress psychosocial, la ménopause, des antécédents de migraine avec aura « vu l’augmentation associée du risque d’AVC », ou encore des antécédents d’HTA gravidique ou de diabète gestationnel.
Pour la première fois, le texte tranche aussi la question du THM chez la femme hypertendue. En l’absence de symptômes climatériques, celui-ci « n'est pas recommandé ». En revanche, pour les patientes symptomatiques, le texte ouvre la porte au THM « en vérifiant l’absence de contre-indications en particulier gynécologiques et cardiovasculaires ». Le risque lié à l’instauration d’un THM sera évalué en prenant en compte l'âge (>60 ans), l'ancienneté de la ménopause (>10 ans), l'absence de contrôle tensionnel et le niveau de risque CV (un risque élevé ou très élevé contre-indiquant le THM quels que soient l’âge et l’ancienneté de la ménopause).
Côté traitement, « il n’y a pas de différence d’effet des anti-hypertenseurs selon le sexe ». En revanche, il existe des spécificités de traitement selon la situation hormonale de la femme. Par exemple, il est recommandé d’interrompre les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les sartans et les inhibiteurs directs de la rénine en cas de désir d’enfant ou de grossesse débutante.
Enfin, la SFHTA s’est penchée sur la dysfonction érectile (DE) chez les hypertendus, avec la publication d’un “chemin clinique” pour les patients concernés. « La DE doit être dépistée chez tous les hypertendus », précisent les auteurs. Le cas échéant, « la question est de savoir si elle est liée à l’HTA, à son traitement ou à une autre cause ».
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