Son engagement remonte déjà à quelques années. Le déclic est survenu lors d'une session de formation continue sur le dépistage du cancer de la prostate. Alors qu'il faisait réaliser des dosages de PSA à ses patients, le Dr Christophe Desportes découvre que l'intérêt du dépistage systématique est discuté par les autorités sanitaires. Le généraliste de Fouesnant, dans le sud du Finistère, entre alors en croisade. Nous sommes au début de l'année 2010. Le médecin publie une première lettre ouverte dans le journal Le Monde dans laquelle il s'interroge sur l'utilité du dépistage. « En dosant le PSA, je pensais bien faire même si j'avais déjà à l'époque une certaine réserve, a-t-il récemment confié au Généraliste (n°2839 du 15 juin 2018). Je suis un médecin de la génération sida et cela m'a bien montré toutes les conséquences que pouvait avoir un dépistage. » Ayant reçu de nombreux témoignages d'hommes racontant leur impuissance après une opération du cancer de la prostate, il publie en 2012 un premier livre pour sensibiliser les confrères : Prostate, le grand sacrifice (éd. Pascal,160 p., 12 euros).
Huit ans de combat et un second livre
Six ans plus tard, il récidive avec un ouvrage à charge qui pointe la fuite en avant des urologues, l'ignorance des patients, l'inertie de la HAS, etc. Dans « Le scandale du dépistage du cancer de la prostate » sorti en mai (Ed. Pascal, 112 p., 15 euros), le médecin tente de comprendre pourquoi, aujourd'hui encore, « des milliers d'hommes en France effectuent un dosage de PSA » alors que cet acte de dépistage peut être lourd de conséquences pour leur virilité et n'a pas démontré de bénéfices en termes de qualité et d'espérance de vie. « Il ne s’agit pas de faire le procès des généralistes ou des urologues, a récemment confié le Dr Desportes dans un entretien à Ouest-France. Mais on peut s’interroger devant tant de persistance, alors que cette pratique est contestée en France, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada… »
Ces dernières années, pour les lésions localisées et au très faible risque de progression, la « surveillance active » est privilégiée, consistant à différer l’éventuel traitement radical d'un cancer de prostate tout en restant dans la fenêtre de curabilité de la maladie (relire notre dossier).
Avec ce livre, le généraliste souhaite aider les hommes à réfléchir au bien-fondé du dépistage du cancer de la prostate et faire enfin bouger les lignes.
Ch.G.
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