« Les médecins et leurs patients diabétiques devraient avoir conscience que l’apparition d’un diabète ou une détérioration rapide de la pathologie pourrait être le premier signe d’un cancer du pancréas et des mesures doivent être prises pour étudier le phénomène », affirme Alice Koechlin de l’International Prevention Research Institute (iPRI) à Lyon suite à la présentation des travaux auxquels elle a participé lors du congrès européen contre le Cancer 2017.
Apparemment, l’analyse cas rapportés de près d’1 million de patients atteints de diabète de type 2 en Lombardie et en Belgique montrent que 50 % des cancers du pancréas observés dans ces deux régions ont été diagnostiqués chez des personnes souffrant de ce type de diabète soit dans l’année qui suit l’apparition de cette pathologie soit lorsqu’ils ont commencé leur premier traitement pour la contrôler.
Une aggravation rapide de diabète serait un signe de cancer du pancréas ?
En effet, Alice Koechlin, le Pr Philippe Autier (qui travaille également au iPRI) et leurs collègues ont regardé les données de prescription afin d’identifier environ 400 000 patients diabétiques de type 2 en Belgique entre 2008 et 2013 et 500 000 en Lombardie entre 2008 et 2012. Ces informations ont été associées à celles du registre des cancers en Belgique et des bases de données des hôpitaux en Lombardie. Ainsi, 885 et 1 872 cas de cancer du pancréas ont été diagnostiqués respectivement en Belgique et en Lombardie durant cette période.
« En Belgique, 25 % des cas ont été diagnostiqués dans les 90 jours qui suivirent et en Lombardie 18 %. Après un an, ce pourcentage chute drastiquement », informe Alice Koechlin. Les chercheurs ont constaté que par rapport aux patients capables de gérer leur maladie via des antidiabétiques oraux, les personnes qui se sont vues prescrire des incrétines ont un risque 3,5 fois plus important de se voir diagnostiquer un cancer du pancréas dans les 3 mois qui suivent le début du traitement. Ce risque demeure 2,3 fois plus élevé dans les 3 à 6 mois suivants, puis reste le double au bout de 6 mois jusqu’à un an et tombe à 1,7 fois un an après.
En outre, pour les individus diabétiques de type 2 sous traitement oral, le passage aux incrétines ou à l’insuline s’avère nécessaire plus rapidement chez ceux qui sont ensuite diagnostiqués porteurs d'un cancer du pancréas. Le fait de devoir passer à un cran thérapeutique supérieur, comme des injections d’insuline, augmenterait de 7 fois le risque d’être diagnostiqués pour ce type de cancer.
Ces résultats sont d’autant plus intéressants que « pour le moment il n’existe pas de bonne méthode non-invasive pour détecter un cancer du pancréas qui ne montre pas encore de signes visibles », admet Alice Koechlin.
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