C’était bien une épidémie exceptionnelle. La grippe de "forte ampleur" de l’hiver dernier a contribué à une surmortalité hivernale record de 18.300 décès en France du 12 janvier au 15 mars 2015, selon le bilan définitif de l’InVS. Il s'agit de l'excès de mortalité le plus élevé depuis la mise en place du système d'évaluation de l'excès de décès hivernal, c'est-à-dire depuis l'hiver 2006-2007, estime l'Institut national de veille sanitaire, qui révise donc nettement à la hausse ses premières estimations de la mi-mars.
Dominée par des virus A/H3N2 (dont une partie n'était pas couverte par le vaccin), l'épidémie a conduit 2,9 millions de personnes à consulter pour syndrome grippal. En première ligne des victimes, les plus de 65 ans, qui représentent 90% de cette surmortalité record, toutes causes confondues, enregistrée durant les neuf semaines de l'épidémie. L'épidémie a eu un "impact important" : près 30.000 passages aux urgences ayant entraîné 3.133 hospitalisations, dont 47% chez les plus 65 ans.
La France n’est pas la seule a dresser ce bilan exceptionnel. Une surmortalité, avec un excès de 90.000 décès, a également été observée dans 13 des 15 pays participant au projet européen de surveillance de la mortalité. Mais les comparaisons scientifiques sont difficiles à établir, faute de disposer de certaines données comparables, explique le Dr François Bourdillon, directeur général de l'InVS. "Ce n'est pas la plus forte des épidémies de grippe par rapport aux 30 dernières années", selon lui, même si son ampleur est l'une des plus élevées (14e rang) observée sur cette longue période. "Par contre, avec le virus H3N2, les épidémies sont plus graves et donnent plus de complications chez les personnes âgées, notamment chez celles souffrant déjà d'autres maladies", poursuit-il.
Selon une modélisation InVS, sur la période 2000-2009, en épidémie normale, si l'on avait 75% de vaccinés chez les +65 ans on éviterait 3.000 décès sur la mortalité hivernale. Le patron de l'InVS en veut pour preuve que, dans les Ehpad, plus touchées que les hivers précédents, le nombre de grippés hospitalisés (7%) ou décédés (3%) est resté stable, malgré "un virus plus agressif et plus virulent". "C'est un premier élément d'efficacité de la prévention dans les Ehpad, grâce aux vaccins (83% des résidents âgés vaccinés) et aux mesures barrières utilisées par le personnel (gel hydroalcoolique, masques...)", note-t-il
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