Le dernier BEH fait le bilan sur le tabagisme en France à l’occasion de l’opération « Mois sans tabac » qui sera lancée ce mois de novembre, suite au succès de « Stoptober », la campagne annuelle qui a lieu en octobre outre-manche. Aujourd’hui le Royaume-Uni fait partie des pays européens (avec notamment la Belgique et le Pays Bas) à être passés sous la barre des 20 % de fumeurs. Alors que selon l’OMS, la prévalence tabagique en France comme en Europe est de 28 %.
Après le paquet neutre, le ministère des Affaires sociales et de la santé voulait développer de nouvelles approches plus ambitieuses car la prévalence du tabagisme n’a guère baissé en France en 2015. Selon les estimations, 73 000 décès seraient imputables au tabac en 2013. Point positif : les jeunes fument moins ! 31 % des lycéens étaient accros à la cigarette en 2011 pour 23 % en 2015. Face à ces constats, des études ont été entreprises pour évaluer l’efficacité des mesures déjà en vigueur comme les consultations de tabacologie et la ligne téléphonique Tabac Info Service. Les résultats se sont révélés plutôt encourageants.
L’aide à l’arrêt par téléphone, une stratégie ancienne qui a fait ses preuves
L'étude du BEH conforte l'idée que Tabac Info Service, piloté par l'Inpes depuis 1998, est efficace. Ceci a pu être constaté via le rappel systématique des fumeurs, 6 mois après leur 1er entretien avec un tabacologue de la ligne.
Ainsi, entre 2012 et 2014, 13 161 fumeurs qui tentaient d’arrêter ont été mis en contact avec un des spécialistes. La quasi-totalité était des fumeurs quotidiens et la dépendance au tabac était forte pour 45,8 % des appelants. Parmi ceux ayant accepté d’être rappelé 6 mois plus tard, 21,9 % se déclaraient non-fumeurs depuis au moins 7 jours au moment du rappel. Le taux d’abstinence s’élevait à 32,4 % parmi les fumeurs en tentatives d’arrêt. En revanche, ce taux restait moins élevé pour les fumeurs les plus dépendants même s’il augmentait avec le nombre d’entretiens avec le tabacologue. Par ailleurs, plus de trois quarts des personnes interrogées après 6 mois déclaraient que le service les avait aidés. Cependant, parmi les appelants, les jeunes, les chômeurs et les ouvriers sont sous-représentés par rapport à la population de fumeurs en France.
Même si l’étude admet certaines limites, les résultats sont cohérents avec les données européennes et américaines sur l’efficacité du dispositif. Certes, les travaux demeurent observationnels et les informations sont recueillies par les tabacologues qui font les entretiens, ce qui s’apparente à de l’autoévaluation, mais il nous donne des indications. Apparemment, la ligne n’est pas utilisée en première attention pour le fumeur qui souhaite arrêter mais il intervient plus tard, probablement après plusieurs tentatives manquées.
Plus de consultations de tabacologie, moins de cigarettes fumées
Une autre étude du BEH a permis d’évaluer l’intérêt des consultations en tabacologie. Pour cela, les données de 23 810 fumeurs adultes suivis entre 2011 et 2013 ont été analysées. Le critère de jugement retenu demeurait l’abstinence maintenue à un mois, vérifiée via des mesures de CO expiré obtenues chez les 10 116 personnes qui sont parvenues à arrêter durant le suivi.
Parmi les consultants, près de 74 % ont reçu une prescription pour au moins un traitement de substituts nicotiniques (TSN), 46,8 % se sont vus prescrire une combinaison de TSN et 3,7 % de la varénicline. Parmi tous les patients ayant entamé une tentative d'arrêt, le taux d’abstinence maintenu un mois s’élevait à 45,2 %. Les taux les plus faibles étaient observés chez les jeunes adultes et chez les consommateurs quotidiens de cannabis. Ceci rejoint les résultats britanniques qui mettaient en évidence que l’on s’abstient plus facilement avec l’âge. Pour ceux qui ont suivi des traitements pharmacologiques, le taux d’abstinence arrivait à 47 % via une combinaison de TSN et 53 % via la varénicline. De même, les bénéfices de la prise en charge croissaient avec le nombre de consultations. Les chiffres montrent également que le niveau de dépendance tabagique n’a pas d’impact sur la réussite de la tentative.
Toutefois, il est important de souligner qu’une grande part des consultants étaient très dépendants (43 %). Il semblerait donc que comme pour Tabac Info Service, les consultations en tabacologie reçoivent les fumeurs les plus sévères. D’après des données américaines ce sont souvent ceux-ci qui ont recours à une aide individuelle pour lutter contre leur addiction. Pourtant, apparemment, en France ces consultations restent peu utilisées par les fumeurs.
L’e-cigarette associée à l’usage du tabac
Enfin, l’utilisation de la cigarette électronique serait étroitement associée à celle de tabac, notamment en Île-de-France où les prévalences du tabagisme et du vapotage sont toutes deux significativement plus basses que pour le reste de la France. Pourtant, le taux de vapotage n’est pas différent du taux observé dans les autres régions parmi les fumeurs. C’est ce que révèlent des statistiques de 2014 sur les comparaisons régionales du tabagisme et de l’usage de l’e-cigarette. Les données suggèrent que les prévalences de vapotage peuvent également dépendre de la méthode d’arrêt privilégiée par les fumeurs au niveau des régions.
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