Après sa prise de position du 4 octobre 2016 où elle mettait en question les fondements scientifiques de "Lyme chronique", l'Académie de médecine hausse le ton et demande aux praticiens de « ne pas nourrir l'angoisse de patients désorientés en leur faisant miroiter le diagnostic de maladie de Lyme chronique ».
« Face aux malades souffrant de symptômes chroniques non étiquetés et qui se sentent délaissés, les médecins ne doivent pas céder à la facilité du diagnostic de "maladie de Lyme chronique" ni les soumettre à des traitements prolongés, inutiles et dangereuses », affirme l'institution dans un communiqué rendu public mardi.
L'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine avait annoncé en septembre 2016 un plan national pour améliorer la prise en charge de cette pathologie complexe, transmise principalement par les morsures de tiques infectées par des bactéries Borrelia.
Dans ce cadre, des réunions de travail ont lieu pour élaborer un nouveau « protocole national de diagnostic et de soins », sous le pilotage de la Haute autorité de santé (HAS).
« Pas lieu de douter » des recos en vigueur
Mais, selon l'Académie, il n'y a pas lieu de douter de la « validité » des recommandations actuelles, élaborées en 2006, ni de la fiabilité des tests de dépistage utilisés en France.
« Le protocole national de diagnostic et de soins devra s'appuyer sur les faits scientifiquement établis et ne pas être influencé par des assertions », affirme l'institution.
Dans ce même communiqué, l'Académie appelle les pouvoirs publics à ne pas céder au « chantage » des associations de patients dans les travaux en cours sur le plan de lutte contre la maladie de Lyme, qualifiant de « désinformation » la remise en cause des recommandations actuelles.
La société savante « met solennellement en garde les pouvoirs publics qui, afin de répondre à l'inquiétude des patients trompés par des groupes de pression, céderaient au chantage dont ils sont l'objet sans référence scientifique et porteraient ainsi une lourde responsabilité dans l'adoption de mesures inappropriées ».
Une position jugée violente par les patients
Parmi les « assertions sans base scientifique », l'Académie cite « l'attribution à la maladie de Lyme chronique de symptômes mal définis : fatigue, crampes, douleurs musculaires, acouphènes, troubles du sommeil ou de l'humeur, pertes de mémoire... »
Interrogée par l'AFP, la présidente de l'association Lyme sans frontières, Marie-Claude Perrin, a estimé que la prise de position de l'Académie était « très violente » et qu'elle était la manifestation d'« un mandarinat qui ne veut pas revenir sur son dogme ».
« Ils veulent réduire le problème à quelque chose de simple alors que c'est très complexe, a-t-elle poursuivi. Le Haut conseil de la santé publique lui-même a écrit noir sur blanc quelles sont les limites des tests de dépistage. »
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