Dans un avis publié ce vendredi, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) met en garde contre les risques potentiels des compléments alimentaires à visée articulaire chez certains sujets et déconseille leur usage dans plusieurs situations.
« Notre expertise a mis en évidence des populations spécifiques pour lesquelles la consommation de compléments alimentaires contenant de la glucosamine ou de la chondroïtine sulfate présente un risque, résume l’agence. Ainsi, chez les personnes diabétiques ou pré-diabétiques, asthmatiques, traitées par AVK, présentant une allergie alimentaire aux crustacés ou aux insectes ou dont l’alimentation est contrôlée pour le sodium, le potassium ou le calcium, la consommation de ces compléments alimentaires est déconseillée. »
Cette prise de position résulte du travail mené par l’Anses après la remontée de plusieurs signalements concernant ces produits. Depuis la mise en place du dispositif de nutrivigilance en 2009, 74 cas d’effets indésirables survenus après consommation de compléments alimentaires contenant de la glucosamine ou de la chondroïtine sulfate ont été rapportés.
Doutes chez les diabétiques et les asthmatiques
Après analyse de ces signalements et des données de la littérature, les experts n’ont pas pu écarter complètement un impact sur la glycémie, les personnes au stade de pré-diabète semblant susceptibles de présenter une diminution de la sensibilité à l’insuline ou une hyperglycémie à jeun après la consommation de glucosamine. « Dans ce contexte d’incertitude et en l’absence de donnée pour la chondroïtine sulfate seule », l’Anses déconseille donc la consommation de compléments alimentaires contenant de la glucosamine associée ou non à la chondroïtine sulfate aux diabétiques et pré-diabétiques.
Pour l’asthme, « un seul cas d’asthme aggravé par la consommation de glucosamine et de chondroïtine sulfate chez une patiente présumée allergique à un composant du cartilage de requin a été rapporté ». Cependant, « le RCP des médicaments à base glucosamine rapportant l’existence de symptômes d’asthme exacerbé », l’Anses joue la carte de la prudence et préconise aux asthmatiques de s’abstenir.
Un risque d'interactions avec les AVK
Concernant les anticoagulants, les experts retiennent que « la consommation de compléments alimentaires contenant de la glucosamine seule ou associée à la chondroïtine sulfate expose à un déséquilibre du traitement par dérivés coumariniques » et les déconseillent donc aux personnes sous AVK.
Sur le plan allergologique, les compléments alimentaires à base de glucosamine sont déconseillés pour les personnes présentant une allergie alimentaire aux crustacés ou aux insectes, un cas d’anaphylaxie à la chitine (un composé entrant dans la composition des carapaces de crustacé et d’insecte et dans celle de ces compléments) ayant été authentifié.
Des apports en minéraux non négligeables
Par ailleurs, ces produits pouvant être une source importante de minéraux tels que le calcium, le potassium ou le sodium, « les personnes dont l’alimentation doit être contrôlée pour l’un de ces minéraux ne doivent pas en consommer ».
Enfin, en l’absence de données de sécurité suffisantes, la consommation de compléments alimentaires contenant de la glucosamine ou de la chondroïtine sulfate est également déconseillée aux femmes enceintes ou allaitantes et aux enfants.
Une consommation à rechercher en cas de cytolyse hépatique ou d’insuffisance rénale non expliquée
Outre ces contre-indications, l’Anses recommande aussi aux professionnels de santé d’interroger les patients sur leur consommation de compléments alimentaires, devant l’apparition d’anomalies biologiques ou de manifestations clinique d’origine indéterminée (cytolyse hépatique ou d’une insuffisance rénale notamment),
En parallèle, l’Anses exhorte les fabricants à mieux informer le consommateur sur ces risques en populations spécifiques. Elle estime aussi nécessaire que les doses maximales journalières autorisées soient harmonisées au niveau européen.
A noter que ces recommandations ne concernent que les compléments alimentaires et non les médicaments à base de chondroïtine sulfate (Chondrosulf® et Structum®) ou de glucosamine (Dolenio®, Flexea®, Osaflexan®, Structoflex® et Voltaflex®) pourtant proches mais ayant leur propres contre-indications précisées dans le cadre de leur AMM.
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