Et si « manger 5 fruits et légumes par jour » ne suffisait plus ? Au vu des résultats du volumineux rapport que vient de publier l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail) et qui actualise les repères de consommations alimentaires de la population adulte française, nul doute que les recommandations nutritionnelles actuelles en vigueur depuis 2002, devraient connaître des évolutions notables.
Globalement, les Français ne mangent pas assez de légumineuses (lentilles, fèves, pois chiches, etc.) pourtant riches en protéines, en fibres et en micronutriments. Les hommes en consomment 15 g/j et les femmes 11 g/j alors que l’apport optimal serait d’au moins 36 g, et jusque 100 g pour les femmes ayant des besoins en fer élevés.
Sur la vitamine D, l’Anses demande une étude pour évaluer le statut vitaminique de la population française. Et ce en raison des débats scientifiques en cours, suscités par la difficulté à estimer la quantité de vitamine D autoproduite lors de l’exposition solaire.
La viande toujours accusée... et le poisson pas innocent
Un an après l'étude du CIRC, la viande reste toujours en ligne de mire. Parmi les aliments dont la consommation augmente le risque de maladies chroniques, la viande (hors volaille) et la viande transformée augmentent le risque de cancer colorectal, de maladies cardio-vasculaires (MCV) et de diabète de type 2. Ainsi que le risque de certains cancers du sein, de la prostate et de prise de poids. L’ingestion de charcuteries ne devrait pas dépasser 25 g/j, celle de viande (hors volaille) ne pas excéder 500 g/sème. Les boissons sucrées (sodas et jus de fruits 100 % pur jus) augmentent le risque de prise de poids : chaque verre de boisson sucrée supplémentaire par jour est associé à une prise de poids de l’ordre de 200 g/an. Les risques de diabète de type 2 et de MCV sont également augmentés avec un niveau de preuve probable.
Parmi les aliments dont la consommation réduit le risque de certaines maladies chroniques, celle de fruits et légumes est imbattable vis-à-vis des MCV. En manger diminue le risque de cancer colorectal, de cancer du sein (ER —), ainsi que de diabète de type 2 et de prise de poids. Le café fait baisser le risque de diabète de type 2 et même celui de MCV quand il est consommé modérément. Une consommation quotidienne de 3-4 tasses thé (vert ou noir) diminue le risque de MCV, notamment les AVC, d’environ 20 %. Les céréales complètes diminuent le risque de diabète de type 2 (jusqu’à 25 % pour les consommations les plus élevées, de MCV et de cancer colorectal (20 % pour chaque consommation supplémentaire de 90 g/j).
D’autres groupes d’aliments réduisent le risque de maladies chroniques ou à l’inverse l’augmentent. Et, c'est un peu surprenant, le poisson en fait parti. Sa consommation fait baisser le risque de MCV avec une réduction de 6 % de la mortalité coronarienne par portion hebdomadaire supplémentaire. Même tendance pour le risque d’AVC et de démences. Mais le poisson est aussi associé à un risque accru de diabète de type 2 ! Pour autant, les experts réaffirment -comme dans l'étude de l'ANSES il y a trois ans- l’intérêt d’une consommation bihebdomadaire de poissons, dont un « gras ». Quant au lait, il diminue le risque de cancer colorectal de 10 % pour 200 g/j. Mais il augmente celui de cancer de la prostate. Enfin, compte tenu de la taille des études, aucune conclusion n’est permise entre produits laitiers et risque de fracture.
Varier les sources d'approvisionnement
L’exposition aux contaminants est une préoccupation forte de l’agence, concernant notamment les niveaux d’arsenic inorganique, d’acrylamide et de plomb. Des efforts restent à faire. Dans ce contexte, il est recommandé au consommateur de diversifier, faute de mieux, son régime alimentaire et les sources d’approvisionnement.
A la suite de ce rapport établi dans le cadre du PNNS (Programme National Nutrition Santé) et sur saisine du Directeur général de la Santé, la balle passe dans le camp du Haut Conseil de la Santé Publique et de Santé Publique France auxquels il appartient désormais d'établir des recommandations officielles.
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