Il faut souffrir pour être belle, dit le proverbe. Mais pour l’Anses, il y a quand même des limites ! L’Agence vient de publier les conclusions de son expertise sur les risques sanitaires liés à l’usage d’appareils à visée esthétique comme l’épilation définitive ou la lipolyse. Au vu des résultats rapportés par de nombreuses études cliniques, l’Anses juge nécessaire de prendre des mesures qui visent à limiter la survenue des effets secondaires. Elle préconise de revoir le cadre réglementaire associé à ces appareils et elle recommande d’informer au préalable les utilisateurs sur les risques qu’ils encourent.
Beaucoup d’appareils, une forte demande, mais quels effets secondaires ?
Lasers, lumière pulsée intense, ultrasons, cryolipolyse ou radiofréquences, de nouveaux appareils à visée esthétique se sont récemment développés face à une demande de plus en plus importante.
Par exemple, la pratique de l’épilation à l’aide d’appareils à usage domestiques, essentiellement basée sur la lumière pulsée intense, est en forte croissance. Or, toutes ces méthodes peuvent occasionner des effets délétères allant de réactions légères à plus graves. En outre, à l’exception de certains appareils à lasers qui demeurent réservés à un usage professionnel, la commercialisation de ces méthodes n’est pas encadrée au regard de ses effets potentiels sur la santé. Certains appareils sont d’ailleurs accessibles en vente libre aux particuliers, ce qui pose la question des risques encourus par les utilisateurs qui s’avèrent, par conséquent, non formés.
Au vu de la situation, les Directions générales de la santé, du Travail, de la prévention des risques et de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ont saisi l’Agence pour qu’elle réalise une expertise relative à l’évaluation des risques sanitaires associés à l’usage de ces technologies.
Ainsi, l’Anses a remarqué que des effets indésirables légers sont systématiquement observés dans des études portant sur l’utilisation de dispositifs d’épilation ou de lipolyse. Plus précisément, dans le cas des appareils épilatoires, les effets délétères les plus fréquents seraient des réactions inflammatoires immédiates, de faible intensité et durée. Mais, des brûlures cutanées profondes et oculaires sont également constatées après des usages inadaptés de ces technologies. En ce qui concerne la lipolyse, les effets secondaires le plus souvent rapportés sont des inflammations importantes et des douleurs. De plus, l’Anses souligne que les principes de fonctionnement de ces appareils comme leur efficacité ne sont pas démontrés à ce jour.
Des mesures qui s’imposent
Par conséquent, l’Agence préconise de les soumettre aux mêmes exigences que celles applicables aux dispositifs médicaux, qu’ils soient à usage professionnel ou domestique. Ce changement de la réglementation pourrait passer par une modification de ce qui définit les dispositifs médicaux. Les appareils qui utilisent les rayonnements optiques, les ultrasons non focalisés, le froid ou les radiofréquences seraient particulièrement concernés.
D’autre part, l’Anses demande que des informations soient transmises au préalable aux personnes qui s’exposent à des actes à visée esthétique afin qu’elles en connaissent les risques. La pertinence d’une mesure visant à limiter l’usage de tels appareils dans un contexte professionnel sur les mineurs devrait aussi être étudiée.
Enfin, il n’existe aucune estimation des effets possibles à long terme sur la santé des professionnels pratiquant ces actes et sur l’environnement. L’Agence veut donc attirer l’attention des pouvoirs publics sur cette question car ces professionnels peuvent être exposés aux agents physiques, ainsi qu’aux fumées ou autres émanations.
Pour faire suite à cet avis, la Direction générale de la Santé a décidé de mener des travaux pour sécuriser davantage ces techniques dont les résultats sont prévus pour fin 2017. Cette réflexion prendra en compte les dispositions du futur règlement européen relatif aux dispositifs médicaux. Celles-ci auront pour but de renforcer « les exigences applicables à certains appareils à visée esthétique, mais également la qualification et la formation des professionnels autorisés à pratiquer ces actes », assure leur communiqué.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie