Simple placebo au mieux ou véritable solution thérapeutique ? Depuis des mois, défenseurs et opposants s’écharpent sur l’efficacité de l'homéopathie. Une querelle ravivée par la parution en mars 2018 d’une tribune de professionnels de santé réclamant son déremboursement et qui a amené Agnès Buzyn à charger la Haute autorité de santé (HAS) d'une évaluation scientifique de l’homéopathie.
Un sondage Odoxa* publié ce jeudi révèle qu'une majorité de Français « croient aux bienfaits » de cette méthode thérapeutique (et plus généralement aux médecines alternatives et complémentaires), tandis qu'ils ne sont qu'un tiers chez les médecins.
Plus d’un Français sur deux y a recours
Selon cette étude, sept Français sur dix estiment que l’homéopathie leur est bénéfique et 52 % déclarent en utiliser pour se soigner, contre 35 % en moyenne pour les autres médecines alternatives. Les deux motivations principales pour les patients consommateurs de granules sont que celles-ci leur semblent plus naturelles que les médicaments conventionnels (90 % des répondants) et qu’elles font moins de mal à l’organisme (88 %).
L’homéopathie n’est toutefois pas la médecine alternative en laquelle les patients ont le plus confiance, puisqu’ils sont 78 % à croire aux bienfaits de l’acupuncture et 85 % à ceux de l’ostéopathie. En moyenne, près de sept Français sur dix (68 %) affirment croire aux bienfaits des MAC.
Dans le même temps, la majorité des Français (56 %) reconnaissent n’avoir aucune connaissance précise de la façon dont sont produits les granules – 68 % des médecins déclarent n’avoir jamais suivi de formation sur les médecines alternatives et complémentaires.
Des prescriptions sans conviction
Du côté des médecins, on croit beaucoup aux bienfaits de l’hypnose (85 %), de l’ostéopathie (74 %) et de l’acupuncture (69 %). Mais nettement moins en l’homéopathie. Ils sont ainsi seulement un tiers (33 %) à croire que la prise de granules apporte un bienfait pour la santé. De fait, l’homéopathie est la médecine alternative la moins recommandée par les médecins, avec juste 28 % de praticiens sondés la conseillant, contre 67 % pour les autres MAC. 45 % qualifie même la thérapeutique de « charlatanerie » (terme employé dans la tribune anti « Fake Med », ndlr).
Le sondage nous apprend par ailleurs que de nombreux médecins prescrivent de l’homéopathie sans grande conviction. 51 % seulement des prescripteurs de granules le font car ils croient en son « efficacité propre ». 41 % en prescrivent car « c’est un bon placebo » et 7 % à la demande du patient, estimant qu’il n’est « pas opportun d’argumenter ».
Le sondage met également en évidence une certaine méconnaissance des habitudes des patients de la part des médecins. Les praticiens sous-estiment très fortement le taux de recours à l’homéopathie puisqu’ils pensent que seuls 27 % de leurs patients prennent des granules.
Les conséquences d’un éventuel déremboursement
Alors que la HAS évalue actuellement l’efficacité des granules et doit statuer sur un éventuel déremboursement d’ici au printemps, le sondage révèle qu’en cas de déremboursement par l’Assurance maladie, cela ne changerait rien aux habitudes de consommation de 63 % des Français. Moins d’un sur cinq (17 %) se retournerait vers les médicaments conventionnels.
Pour autant, malgré leur affection pour l’homéopathie, les Français ne rejettent pas les médicaments conventionnels. Ainsi, à choisir entre un meilleur remboursement des médicaments traditionnels ou de l’homéopathie, deux tiers (65 %) privilégieraient la première option.
* Sondage réalisé par Odoxa pour Orange, Nehs (actionnaire de GPS auquel appartient « Le Généraliste »), Asip Santé, Sciences Po, le Figaro santé et France Inter, auprès d'un échantillon de 290 médecins (76 généralistes, 166 spécialistes et 48 internes) interrogés par Internet du 26 décembre 2018 au 20 janvier 2019 et d'un échantillon de 995 Français représentatif de la population française, interrogés par Internet les 19 et 20 décembre 2018.
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