Alors que les études pointent depuis longtemps les effets délétères de la consommation d’alcool sur la santé, ces derniers semblent être encore sous-estimés par le grand public. L’alcool est aujourd’hui la deuxième cause de cancer évitable et l’un des premiers facteurs de risque de maladie ; en 2015, 40 000 décès lui seraient attribués. « Sa consommation [l’alcool, NDLR] est associée, pour une grande partie de la population, au plaisir et à la convivialité », introduit ainsi la Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France (SPF). Un constat également mis en lumière par l’acteur et humoriste Artus lorsque, sur un plateau télévisé le 27 avril 2024, ce dernier a été qualifié d’ennuyeux après avoir expliqué ne plus boire pour atténuer ses angoisses…
Dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 30 avril 2024, Santé publique France a rappelé sa volonté de continuer ses actions de prévention et d’information, se disant « pleinement engagée » auprès des professionnels de santé et du grand public. En cela, elle présente les résultats d’un travail sur l’efficacité des campagnes médiatiques sur la consommation d’alcool menées par l’agence. Pour rappel, en septembre, deux de ses campagnes proposées pour la Coupe du monde de rugby avaient été retoquées par le ministère de la Santé.
Le BEH publie également un travail sur l’effet du dépassement des repères de consommation d’alcool à moindre risque sur l’hypertension artérielle en France métropolitaine. Ces repères de moindre risque, proposés en 2017 par SPF et l’Institut national du cancer, indiquaient un maximum de deux verres par jour et pas tous les jours (minimum 2 jours sans par semaine), soit un maximum de 10 verres par semaine. Ces repères ont été communiqués lors de la campagne médiatique en 2019. La directrice rappelle que même si la consommation d’alcool a diminué depuis 30 ans, elle reste trop élevée, y compris chez les femmes enceintes. Un précédent BEH montrait d’ailleurs que les jeunes femmes étaient d’ailleurs plus exposées au binge drinking.
8,9 % des cas d’HTA chez les hommes dus à une consommation au-delà des repères
Un des travaux publiés s’intéresse au nombre de cas d’hypertension artérielle (HTA) attribuables à la consommation d’alcool dépassant les repères proposés en 2017. Les chercheurs se sont intéressés aux Français métropolitains âgés de 18 à 74 ans. Ainsi, sur une population de 17 millions d’adultes hypertendus, soit un adulte sur trois, les auteurs estiment que 655 000 personnes seraient hypertendues du fait d’une consommation de plus de 10 verres par semaine.
D’après les auteurs, la fraction attribuable à l’alcool (FAA) pour le risque d’HTA concerne 5,5 % de la population générale entre 18 et 74 ans. Parmi eux, 624 000 cas sont des hommes, soit une FAA de 8,9 %, contre 31 000 femmes, soit une FAA de 0,6 %. Pour les deux sexes, les FAA allaient en augmentant avec l’avancée en âge, les plus élevées étant chez les 65-74 ans. En 1987, une étude avait déjà évalué que 12 % des cas d’HTA dans une population de travailleurs parisiens étaient attribuables à la consommation d’alcool.
Des campagnes efficaces selon Santé publique France
Argumentant pour une meilleure prévention et information sur la consommation d’alcool, SPF s’appuie sur les récents résultats d’une seconde étude publiée dans ce BEH. Dans cet article, les auteurs reviennent sur la campagne menée par SPF en 2019 pour l’amélioration des connaissances de la population concernant les risques à moyen et long termes de la consommation d’alcool, mais ainsi les repères de consommation à moindre risque.
Les chercheurs ont ainsi interrogé, via un questionnaire en ligne, 2 538 consommateurs d’alcool âgés entre 18 et 75 ans avant (T0), juste après (T1) et 6 mois après (T2) la diffusion de la campagne en 2019. Ils retrouvent ainsi entre T0 et T1 des « interactions positives après l’exposition à la campagne et la vague d’enquête » sur les items concernant le nombre de verres quotidiens maximum et le risque d’hémorragie cérébrale et d’HTA, mais pas concernant le risque de cancer et des deux jours minimum sans consommation. Trois quarts des répondants avaient reconnu la campagne. Les auteurs ne retrouvent « pas de lien entre l’exposition à la campagne et l’évolution des variables d’intérêt entre T0 et T2 ».
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