L’exposition prénatale à des perturbateurs endocriniens augmente le risque de syndrome métabolique

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Publié le 24/05/2024
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Dans cette étude publiée dans le Jama Network Open, les auteurs ont mis en évidence une association entre l’exposition prénatale à un cocktail de produits chimiques et le risque plus élevé de syndrome métabolique chez les enfants avec des différences selon le sexe.

Crédit photo : PHANIE

Avec cette nouvelle étude menée par l’Institute of Global Health (ISGlobal) de Barcelone, les preuves de la nocivité des pertubateurs endocriniens s’accumulent. Ce travail s’ajoute aux études antérieures qui avaient montré une association entre exposition prénatale à certains perturbateurs endocriniens et risque d’obésité ou d’hypertension artérielle plus tard dans l’enfance.

Les chercheurs montrent ainsi une association entre l’exposition prénatale, durant toute la grossesse, à une combinaison de perturbateurs endocriniens (PE) et une augmentation du risque pour l’enfant à naître de développer un syndrome métabolique (MetS) défini par une obésité abdominale, d’une hypertension artérielle, d’une dyslipidémie et/ou d’une insulinorésistance. De plus, ce risque serait différent selon le sexe de l’embryon.

Dans cette étude publiée dans le Jama Network Open, les chercheurs se sont intéressés à 45 PE dont les mélanges de métaux, les pesticides organochlorés, les substances per et polyfluoroalkylées (PFAS), les phtalates ou encore les retardateurs de flamme. L’exposition prénatale aux PE pourrait ainsi contribuer « à l'augmentation actuelle de la prévalence du syndrome métabolique au cours de la vie, qui touche actuellement un quart de la population adulte, avec des tendances à la hausse évidentes même chez les jeunes », interprète Martine Vrijheid, codirectrice du programme Environnement et santé au cours de la vie de l'ISGlobal et autrice senior de l'étude, dans un communiqué de presse.

Association négative avec les phtalates

L’étude a inclus 1 134 paires mère-enfant de six pays européens (Espagne, France, Grèce, Lituanie, Norvège et Royaume-Uni) de la cohorte Helix. Les mères avaient en moyenne 30,7 ans à la naissance de leur bébé, 54,4 % des enfants étaient des garçons et 45,6 % des filles. L’exposition prénatale aux PE a été mesurée par des échantillons de sang et d’urine des mères durant la grossesse, puis sur le cordon ombilical après la naissance. Les enfants ont ensuite fait l’objet d’une évaluation entre leurs 6 et 11 ans (âge moyen 7,8 ans) avec un examen clinique (tour de taille, pression artérielle), un entretien et un prélèvement sanguin et urinaire.

Le risque de MetS est associé aux mélanges de métaux (principalement mercure, venant de la consommation de poissons), les PFAS (pesticides, peintures, poêles anti-adhésives…), les pesticides organochlorés (présence persistante malgré leur interdiction en Europe en 1970) et les retardateurs de flamme. Les auteurs établissent aussi un lien entre ces PE et l’élévation des protéines pro-inflammatoires, des acides aminés et des niveaux de glycérophospholipides. De façon intéressante, à l’inverse, les mélanges de phtalates de haut et bas poids moléculaires étaient associés à une diminution du score de risque de MetS.

Les embryons masculins, plus sensibles aux parabènes

Les auteurs ont également observé que la puissance des associations était variable entre les embryons masculins et féminins. « Les associations étaient plus fortes chez les embryons féminins pour les mélanges de PFAS et de polychlorobiphényles (PCB), tandis que les masculins étaient plus sensibles à l'exposition aux parabènes. Étant donné que les PE interfèrent avec les hormones stéroïdes sexuelles, ces différences sont conformes aux attentes », détaille Nuria Güil Oumrait, chercheuse à l'ISGlobal et première autrice de l’étude. Les auteurs précisent cependant ne pas avoir considéré les expositions durant l’enfance.


Source : lequotidiendumedecin.fr