La prise d’antiémétiques à action antidopaminergiques comme la dompéridone, le métoclopramide ou encore la métopimazine pourrait augmenter le risque d’accident cardiovasculaire cérébral (AVC) dans les jours qui suivent la prise. C’est ce que suggère une étude française publiée ce 24 mars dans le British Medical Journal (BMJ).
« Des études ont montré que le risque d’AVC ischémique était augmenté par la prise d’antipsychotiques, médicaments (…) antidopaminergiques communément prescrits en psychiatrie », rappelle l’Inserm dans un communiqué. Si le rationnel physiopathologique sous-jacent reste non élucidé, l’hypothèse d’un rôle de cette activité antidopaminergique est avancée. Or les antipsychotiques ne sont pas les seules molécules thérapeutiques à présenter de telles propriétés.
En effet, certains antiémétiques très utilisés, comme la métopimazine – délivrée sur prescription à plus de 4 millions de personnes en 2017 en France et disponible sans ordonnance dans la spécialité Vogalib – sont aussi concernés. Cependant, jusqu’à présent « aucune étude n’avait (évalué) le risque d’AVC ischémique associé à une exposition aux antiémétiques antidopaminergiques », déplore l’Inserm. Une lacune que des chercheurs de l’Inserm, de l’Université et du CHU de Bordeaux se sont proposé de combler.
Une étude « cas propre-témoin »
Pour ce faire, ils se sont penchés sur des données de remboursement d’antiémétiques d’une part et d’hospitalisations pour AVC d’autre part – enregistrées entre 2012 et 2016 dans le Système national des données de santé (SNDS). Ils ont réalisé une étude cas propre-témoin, dont la première étape a été de repérer des adultes ayant été hospitalisés pour AVC ischémiques et ayant consommé du métoclopramide, de la dompéridone ou de la métopimazine dans les 70 jours avant l’accident. La chronologie d’utilisation du médicament avant l’accident par ces patients a alors été analysée plus en détail, à la recherche d’une éventuelle consommation plus fréquente dans les 14 jours précédant l’attaque, « en faveur d’un rôle joué par le médicament ».
Résultat : sur les 2 612 consommateurs d’antiémétiques hospitalisés pour un premier AVC ischémique identifiés, « les analyses ont retrouvé une plus forte consommation d’antiémétiques dans les jours précédant l’AVC ». En effet, alors que 10 % des patients avaient pris un antiémétique 70 jours avant l’AVC, 90 % d’entre eux en avaient consommé la veille de leur accident. D’où un potentiel rôle des antiémétiques.
Pic d'initiation
Ainsi, une augmentation singulière du risque d’AVC ischémique en début de traitement semble se dégager. « Un pic d'initiation du traitement a été observé dans les quelques jours précédant l'AVC », rapportent les auteurs de l’étude.
Une deuxième étape de l’étude a consisté à apparier ces patients à près de 22 000 témoins sélectionnés au hasard n’ayant pas présenté d’AVC, dont la consommation d’antiémétiques aux mêmes dates que les personnes hospitalisées a été analysée. Le but : « éliminer un biais dans les résultats qui pourrait survenir si l’utilisation du médicament variait fortement au cours du temps dans la population générale (par exemple, lors d’épidémies de gastro-entérite aiguë) », explique l’Inserm. Or, comme le résume l’institut, chez ces témoins, « aucun pic ou excès d’utilisation d’antiémétiques comparable à celui mis en évidence chez les patients ayant présenté un AVC n’a été retrouvé ».
Après appariement avec les témoins des 1 250 patients hospitalisés pour AVC ayant consommé des antiémétiques dans les 14 jours (et des 1 060 malades en ayant utilisé entre j-14 et j-70), les auteurs retrouvent un risque d’AVC accru avec un odds ratios de 3,12. Un chiffre qui s’élèverait plus spécifiquement à 2,51 pour la dompéridone à 3,53 pour le métoclopramide, et même à 3,62 pour la métopimazine. Ainsi l’antiémétique le plus utilisé pourrait être le plus à risque.
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