L’évolution sur un an du nombre de fumeurs en France ayant abandonné le tabac au profit de la vape est passé de 400 000 à 1 000 000, selon le dernier Eurobaromètre. Bien que les risques, comme pour presque tous les produits et activités de la vie courante, ne puissent être nuls, aucune étude scientifique n’a permis de mettre en évidence des risques plus significatifs que ceux imputables à ces mêmes produits de consommation courante. Le vapotage « dénormalise » le tabac, comme cela a déjà été démontré grâce à une étude réalisée auprès des jeunes (enquête Paris sans tabac), et auprès de la population en général (enquêtes britanniques et études américaines).
Cigarette vs tabac
La cigarette électronique doit-elle être considérée comme un produit du tabac ou un médicament ? Ou garder son statut de produit de consommation courante ? Le choix n’est pas facile et les positions divergent même dans le camp de ses partisans. Un point sur lequel les spécialistes sont toutefois d’accord est que « son utilisation doit être encouragée pour tous les fumeurs souhaitant quitter le tabac », selon le Dr Pierre Rouzaud, organisateur de la rencontre. Le risque relatif à la cigarette électronique par rapport au tabac doit être considéré avec honnêteté et clarté dans le cadre d’une approche de réduction des risques. La communication en direction des fumeurs et de la population dans son ensemble doit tenir compte de cette approche.
La nicotine est la solution
L’utilisation de nicotine à long terme ne pose pas de problème de santé. Elle n’est pas cancérigène et n’a pas de risque cardio-vasculaire significatif. Selon un expert cité, le Pr Peter Hajek, « la nicotine n’est pas plus dangereuse que la caféine ». La plupart des substances chimiques sont absentes et le risque serait de 95 % plus faible qu’avec la cigarette, selon Jacques Le Houezec, spécialiste de santé publique. « Les fumeurs cherchent la nicotine mais meurent des produits de combustion. »
Action militante
Le petit monde de la cigarette électronique est peuplé de militants. Le mouvement associatif se structure et Internet facilite les contacts et les soutiens au sein de la communauté de ses adeptes. Pour inciter les fumeurs à adopter la cigarette électronique, les interdictions de vapoter dans les lieux publics doivent être abandonnées, selon les responsables de l’Aiduce** (www.aiduce.org). En effet, il n'y a pas de vapotage passif démontré et aucune argumentation scientifique ne permet de soutenir une pareille interdiction. Le support apporté par la communauté des vapoteurs sur Internet est un atout dans la réussite de l’abandon du tabac. Forums, blogs, groupes sur les réseaux sociaux se multiplient.
La cigarette, un marché
Même si la cigarette électronique fait figure de nain par rapport aux puissantes firmes du tabac, les enjeux économiques ne sont pas négligeables. Les intérêts des firmes du tabac s’expriment partout et notamment auprès des parlementaires européens. « Il convient effectivement de lutter contre leurs arguments et les partisans de la cigarette électronique ont une difficile partie à jouer », selon Rémi Parola de la Fivape, organisme qui défend les intérêts des acteurs de la filière. Ces avocats souhaitent à la fois une reconnaissance des pouvoirs publics et des scientifiques tout en espérant conserver une liberté d’agir, d’innover et de commercer. Cette démarche ne serait-elle pas contradictoire ? Si les experts pensent qu’il faut défendre l’interdiction de la ressemblance visuelle des produits de la vape avec les produits du tabac afin d’éviter toute éventuelle confusion, ils soutiennent la création d’une commission nationale « vape » chargée de la veille scientifique, de la veille sanitaire, apte à pratiquer des contrôles, composée d’experts dans ce domaine, et constituant une référence nationale auprès des décideurs. La publicité pour les dispositifs électroniques de vapotage doit être encadrée pour interdire son détournement en incitation au tabagisme. Mais ils ne veulent pas qu’elle soit interdite, afin de permettre aux fumeurs d’être informés sur une pratique moins risquée que celle du tabac.
Encourager
Les experts et associations demandent que les recommandations de Tabac Info Service sur la cigarette électronique soient mieux documentées et plus positives. Les tabacologues, et plus généralement les médecins, doivent être informés que la cigarette électronique est une alternative plus saine au tabac, qu’ils peuvent la conseiller pour arrêter de fumer. Des recommandations doivent être formulées en ce sens. Il convient surtout de ne pas décourager les gros fumeurs qui sont devenus des utilisateurs apaisés de la cigarette électronique.
** Aiduce : Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique.
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